Ces attentats se sont produits quasi-simultanément et sont les plus meurtriers qui aient été commis dans le secteur sous commandement polonais où sont déployés des contingents bulgares, thaïlandais et polonais. La Pologne, alliée de Washington, commande en Irak une division multinationale de quelque 9.000 hommes dont 2.500 Polonais aux côtés de 1.700 Ukrainiens, 1.300 Espagnols, 440 Thaïlandais et 480 Bulgares. Ces contingents d’alliés des Etats-Unis étaient hier sur le qui-vive, alors que le Conseil de gouvernement transitoire irakien évoque une participation d’étrangers dans les attentats de Kerbala : « une enquête est en cours pour identifier les auteurs de ces attentats et nous pensons que certains viennent de l’intérieur de l’Irak et que d’autres viennent de l’extérieur », a déclaré Hamid al-Kifaï, porte-parole du conseil. Selon M. Rifaï, les attentats de Kerbala font partie d’une offensive préméditée qui a commencé par des attentats, notamment à Nassiriyah où une attaque contre le contingent italien a fait le 12 novembre 28 morts, dont 19 Italiens. Kerbala est située dans une zone chiite où peu d’attaques anti-américaines ont jusqu’alors eu lieu, contrairement aux zones sunnites entourant Bagdad. Malgré les attentats de Kerbala et après une semaine qui a vu les forces américaines perdre huit hommes dans des attaques de la guérilla dans la région de Bagdad, le ministre des Affaires étrangères irakien, Hoshyar Zebari, s’est pourtant dit optimiste, estimant que cette vague d’attaques serait de courte durée. « La situation s’améliore sur le plan de la sécurité en Irak à la suite de la capture du dictateur » Saddam Hussein, par l’armée américaine le 13 décembre, a déclaré samedi soir M. Zebari après son arrivée au Koweït. « Les actes de sabotage sont actuellement en augmentation à cause de la frustration et de la volonté de revanche (…) mais cette situation ne durera pas », a-t-il affirmé, cité par l’agence officielle Kuna. Même optimisme côté américain. Un commandant à Tikrit affirme pour sa part que ses hommes sont en train de l’emporter contre la guérilla dans le fief de l’ancien président Saddam Hussein, alors que la violence redouble ailleurs en Irak. « Le niveau d’activité de la guérilla a diminué. Son efficacité a également baissé », déclare le colonel Steve Russell, chef du bataillon 1-22 de la 4 ème division d’infanterie installée dans l’ancien palais présidentiel à l’entrée de Tikrit. Selon l’officier américain, écraser la guérilla dans cette région est une simple question de temps. Ses hommes, en exploitant à bon escient les informations qu’ils ont récoltées et en recourant à la force, en menant des raids et en ripostant à toute attaque, sont en train, selon lui, de venir à bout de cette résistance. Ces affirmations surviennent alors que l’Irak a connu une période de Noël sanglante, marquée par une série d’attaques à la roquette et au mortier à Bagdad et trois attentats à la voiture piégée quasi simultanées dans la ville sainte de Kerbala, visant la coalition et le gouvernorat d la ville. Mais, pour le colonel Russell seule une poignée d’Irakiens sont engagés dans la guérilla : « Elle n’arrive plus à recruter autant que le gouvernement légitime et les forces de sécurité, qui engagent les Irakiens par milliers tandis que nous ne voyons pas une fraction de ce nombre dans les rangs des insurgés », a-t-il affirmé. Par ailleurs, la coalition dirigée par les Etats-Unis a annoncé une récompense d’un million de dollars pour des informations permettant l’arrestation des 14 anciens responsables du régime de Saddam Hussein encore en fuite, sur les 55 initialement recherchés. En tête de cette liste figure Ezzat Ibrahim, ancien numéro deux du régime de Saddam Hussein pour la capture duquel les Etats-Unis ont déjà offert une récompense de 10 millions de dollars.