À Washington, les responsables américains sont dans le flou,ne cachant pas qu’ils sont dans le doute et ne pas avoir de compréhension claire de ce qui se cache derrière les attentats ou des liens qui peuvent exister entre les partisans du régime déchu et des activistes étrangers. Les Etats-Unis ont toujours affirmé que de tels combattants étaient entrés en Irak par petits groupes. « Il n’y a aucune preuve qu’un acte ait été planifié ou même exécuté par des terroristes étrangers, mais nous avons des bribes de preuves suggérant une telle implication, a déclaré un haut responsable du Pentagone. Évoquant la possibilité de liens de communication entre les activistes étrangers et des militants du parti Baas de Saddam Hussein, il ajouté que : « ces types doivent bénéficier d’un soutien pour se déplacer en Irak ». D’autres responsables militaires n’en sont pas si sûrs. Ils affirment que les attentats entrent dans le cadre d’une campagne des anciens partisans du parti Baas pour déstabiliser la coalition menée par les Américains avec des attentats spectaculaires contre des cibles civiles vulnérables. D’ailleurs, disent-ils, pour étayer leur thèse, cette campagne a déjà porté ses fruits car elle malmène l’assurance de l’Administration Bush, en campagne électorale pour l’élection présidentielle de novembre 2004, que des progrès sont réalisés en Irak. On parle de l’implication dans les attentats du groupe islamiste « Ansar al-Islam ». On affirme que ce mouvement, actif avant la guerre au Kurdistan, a réactivé un réseau de 200 militants à Bagdad. Mais, dans l’ignorance de savoir qui fait quoi en Irak en matière d’attentats , contre l’ONU, l’ambassade de Jordanie, un hôtel utilisé par l’armée américaine, et le CICE, l’idée générale est que « des partisans de l’ancien régime ou des combattants étrangers » en sont les signataires. On suggère aussi l’implication du Hezbollah libanais en soulignant son expertise en matière de fabrication de bombes. Ce qui est sûr cependant, c’est que la résistance irakienne a surpris George Bush qui ne l’avait pas prise en compte dans les calculs de son secrétaire d’Etat à la Défense, Donald Rumsfeld. Le triomphalisme de ce dernier après la chute de Saddam Hussein a été de courte durée et l’échec de l’artisan de la guerre contre le dictateur de Bagdad, Paul Wlfowitz, qui a échappé de justesse à un attenta kamikaze, est rentré humilié à Washington. Quant à la présence en Irak de combattants syriens, égyptiens, palestiniens, saoudiens et yéménites, dont on parle au Pentagone, tout comme la présence massive d’Al-Qaïda ou d’anciens supports de Saddam Hussein parmi les activistes, toutes ces connexions n’ont rien d’étonnant. Il s’agit d’Arabes et de Musulmans, plus ou moins fanatisés, en rien étrangers à l’Irak, qui est un pays arabe et musulman. En revanche, que dire des Américains, Polonais, Danois, Britanniques ou Espagnols qui sont stationnés dans un pays à des milliers de kilomètres de leur. En tout état de cause, quels que soient les commanditaires et les exécutants des attentats et quels que soient les messages politiques derrières l’intensification des attaques, la première victime reste le peuple irakien, qui subit des pertes humaines et qui attend toujours une amélioration de ses conditions de vie, de plus en plus déplorables. Ceux qui souhaitent l’isolement de l’Irak de la communauté internationale et de son soutien favorisent tout simplement l’appauvrissement des Irakiens. Un peuple condamné, depuis le règne de Saddam Hussein, à vivre la peur au ventre. Aussi, aborder la question de l’occupation de l’Irak en se limitant aux déboires des Américains est une lecture simpliste des événements. Car, rien ne prouve que l’Administration Bush serait la seule perdante. D’ailleurs en ciblant des civils innocents, l’ONU ou la Croix rouge, les kamikazes ne raccourcissent en rien la présence américaine en Irak. Au contraire, les attentats-suicide annoncent une longue confrontation et établissent à Bagdad une ligne de démarcation entre les Américains, d’une part, et les activistes arabo-musulmans d’autre part. Cet objectif ne sert en rien les intérêts du peuple irakien.