Tout espoir n’est pas perdu comme a essayé de le démontrer Michel Barnier, chef de la diplomatie française dans son intervention sur l’écran de la chaîne de télévision, Al Jazirah.
La chaîne en question, qui a diffusé les messages vidéo des deux otages, exige officiellement, depuis le début de la semaine, leur remise en liberté. A plusieurs reprises, un communiqué signé par la direction de Al Jazirah appelait directement les ravisseurs à libérer les deux journalistes français.
Près de deux semaines après le rapt, la vague de solidarité avec la France a connu une ampleur exceptionnelle dans le monde arabe et musulman. Ce constat a été nettement perceptible à l’issue de la tournée de Michel Barnier au Proche-Orient (Egypte, Jordanie, Egypte une deuxième fois, Qatar avant de retourner à Amman) lors de laquelle il a frappé à toutes les portes susceptibles de conduire au groupe de ravisseurs. Parallèlement à ce périple qui a laissé une brèche d’espoir, une délégation du Conseil français du culte musulman (CFCM), l’organisme qui représente les musulmans de France, a lancé, jeudi à Bagdad, un appel solennel «Au nom d’Allah », pour la libération des otages.
« Nous vous lançons un appel solennel. Au nom d’Allah, du Coran nous vous demandons de libérer les otages », a déclaré Abdallah Zekri, représentant de la mosquée de Paris. « Nous ne pouvons pas partir d’ici sans eux. Leurs familles nous regardent. Montrez-nous que vous êtes des musulmans comme nous.
Donnez-nous les otages », a-t-il ajouté, après avoir rencontré le Comité des oulémas, l’organisation la plus représentative des sunnites irakiens.
Le président de l’Union des organisations islamiques de France (UOIF) et membre de la délégation qui s’est déplacée à Bagdad, Fouad Alaoui, a également lancé un appel « Au nom de Dieu le clément, le miséricordieux, rendez la liberté aux deux journalistes français parce que c’est le meilleur service que vous allez rendre à l’Islam, aux musulmans et à la communauté musulmane », a-t-il déclaré.
Selon la presse française, cette multiplication des démarches, initiatives directes ou indirectes et des appels des autorités françaises, a produit des résultats et donne quelque espoir d’une issue heureuse. Paris avait mercredi soir la « quasi-certitude » que les deux journalistes français étaient en vie, a déclaré, jeudi sur Europe 1, le directeur de la rédaction du «Figaro», Jean de Belot. Ce dernier avait participé mercredi à une réunion autour du Premier ministre, Jean-Pierre Raffarin, réunissant les responsables des différentes rédactions, dont son quotidien, pour lesquelles travaillent les journalistes détenus en otages. « Il y a un contact indirect avec des émissaires », a ajouté M. de Belot, cité par l’AFP, soulignant qu’il s’agissait de « contacts sérieux».
Le directeur de la rédaction du «Figaro» a souligné que le Premier ministre n’avait cependant pas évoqué une libération prochaine des deux otages. « Ils sont en vie et c’est la complexité sur place de la situation (…) qui évidemment inquiète », a-t-il dit.
En effet, la situation est ambiguë dans la mesure où la qualité parfois douteuse des intermédiaires contribue à la difficulté de faire passer les messages.
D’autant plus que les ravisseurs sont des extrémistes capables de faire la sourde oreille face aux conseils et appels, même provenant de personnalités musulmanes.
Cependant, le degré de solidarité avec la France dans cette affaire est sans précédent. Que ce soient des dirigeants (Yasser Arafat, Mouammar Kadhafi, Amr Moussa) ou des fondamentalistes sunnites ou chiites (Hamas, Hezbollah, les Frères musulmans), ils ont tous été unanimes à condamner cette prise d’otages.
Depuis le début des enlèvements en Irak (à peu près une centaine), aucun kidnapping n’a suscité autant de solidarité publique que celui des deux reporters, Georges Malbrunot et Christian Chesnot. Pour reprendre l’expression de M.Barnier, on ne peut imaginer une autre issue que positive.