A l’occasion de sa traditionnelle réunion hebdomadaire, le gouvernement israélien discutait dimanche d’un nouveau projet, celui de l’expulsion des familles de kamikazes et de chefs de mouvements palestiniens qui les dirigent. Si un porte-parole du conseil a seulement indiqué que «la situation sécuritaire était au centre des débats» du cabinet, les médias israéliens se sont fait plus largement l’écho dimanche, du projet en question.
Selon eux, les familles des «bombes humaines» et des commanditaires d’attentats suicide, dont des chefs du Hamas et du Jihad islamique, pourraient être expulsées de Cisjordanie vers la bande de Ghaza. Une mesure qui avait déjà été évoquée vendredi par le cabinet de sécurité après les deux attentats commis à Jérusalem, mardi et mercredi.
Ce même jour, l’Etat hébreu avait également clairement dévoilé sa volonté d’administrer les territoires palestiniens de Cisjordanie. «Si le résultat des opérations en cours est une présence de longue durée de l’armée sur le terrain et que des réponses (aux besoins) des populations civiles doivent être données, nous devons les examiner et y répondre» avait alors déclaré le directeur du ministère israélien de la défense Amos Yaron.
Réuni sous la présidence du premier ministre Sharon, la cabinet avait enfin opté pour la prise de contrôle de toutes les villes de Cisjordanie «aussi longtemps que nécessaire», c’est-à-dire «le temps de mettre fin aux attaques et attentats», selon Tel-Aviv. Démentie dimanche par le ministère de la défense, l’intention israélienne d’administrer les territoires occupés pourrait cependant se voir vérifiée par la seule poursuite des incursions et occupations des villes.
Lancée mercredi, l’opération dite «voie ferme» a permis à l’état hébreu de contrôler totalement ou partiellement Beit Lahm au sud, Jénine, Kalkiliya, Naplouse, Tulkarem, au nord, et une partie de l’agglomération de Ramallah, au centre. Et signe que ces opérations ne sont que le début d’une longue série, l’armée a également commencé à rappeler dimanche ses réservistes selon les «procédures d’urgence» pour une période maximale de 30 jours renouvelable.
La radio publique israélienne a quant à elle annoncé le même jour l’arrestation de plusieurs dizaines de militants intégristes par la police palestinienne, dans les camps de réfugiés de Chatti et Jabaliya, ainsi que dans le quartier de Chajaiya, au sein de la ville de Ghaza. Des arrestations qui ont donné lieu à des échanges de tirs. Au cours de ces violences, un policier palestinien a aussi été tué par des tirs israéliens à Al-Yamoune au moment où l’armée pénétrait dans ce village à l’ouest de Jénine. Quatre autres palestiniens ont été blessés lors de cet incident. A la sortie de Ramallah, cinq Palestiniens ont aussi été blessés par des tirs de l’armée israélienne dans deux incidents séparés. Trois autres près de la colonie de Netzarim, dans la bande de Ghaza.
Des violences qui interviennent deux jours après le meurtre par l’armée israélienne de trois enfants sur le marché de Jénine, après que les habitants soient sortis de leurs maisons, pensant à tort que le couvre-feu avait été levé. Mais quelle perspective de paix existe-t-il donc encore pour le Proche-Orient? La conférence internationale reste toujours dans l’expectative et les missions diplomatiques, à l’image de celle du ministre français des affaires étrangères, Dominique de Villepin, attendu ce dimanche dans la région, se multiplient sans résultat.