A la veille de son interrogatoire, le vendredi 1er août, par les enquêteurs du Parquet israélien, le Premier ministre Ehoud Olmert a fini par jeter l’éponge. Lors d’une allocution télévisée, le 30 juillet au soir, il a annoncé son intention de ne pas se présenter aux prochaines élections primaires de son parti, Kadima, dont le premier tour se déroulera le 17 septembre prochain.
Dissipant certaines rumeurs qui avaient couru sur sa prétention de se cramponner, contre vents et marées, à son fauteuil, Ehoud Olmert a, dans la foulée, déclaré qu’il se démettrait de ses fonctions de chef du gouvernement dès que Kadima aurait désigné son successeur. Et ce afin de pouvoir se consacrer probablement à la préparation de sa défense.
Il ne fait aucun doute en effet que le successeur d’Ariel Sharon sera inculpé par le conseiller juridique du gouvernement, Menny Mazuz, entre autres pour avoir reçu d’importantes sommes d’argent d’un homme d’affaires américain, Morris Talansky. Il pourrait être aussi mis en examen dans le cadre d’autres dossiers concernant, par exemple, les conditions très avantageuses dont il a bénéficié pour acheter une luxueuse villa rue Crémieux à Jérusalem.
Le retrait de la scène publique de Ehoud Olmert confirme une tendance lourde de la vie politique israélienne depuis l’assassinat de Yitzhak Rabin, le 4 novembre 1995, par un terroriste religieux juif. Aucun Premier ministre israélien n’a depuis réussi à aller jusqu’au bout de son mandat. Shimon Peres, Benyamin Netanyahou et Ehoud Barak ont dû démissionner faute de disposer d’une majorité parlementaire suffisante. Quant à Ariel Sharon, il a été déclaré dans l’incapacité d’exercer ses fonctions depuis qu’une attaque cardio-vasculaire l’a plongé, le 4 janvier 2 006, dans un coma dont il n’est toujours pas sorti.
Vainqueur des élections législatives anticipées du 28 mars 2 006, Ehoud Olmert n’échappe pas à la règle. Ce n’est pourtant pas son échec dans la gestion désastreuse de la Seconde guerre du Liban qui lui coûte son poste, mais une série d’ennuis judiciaires qui ont suscité contre lui l’indignation de l’opinion publique israélienne. Kadima devra choisir, le 17 septembre prochain, entre les quatre candidats déclarés à sa succession : la ministre des Affaires étrangères Tsippi Livni, le ministre des Transports Shaül Mofaz, le ministre de la Sécurité intérieure Avi Dichter et le ministre de l’Intérieur Méir Chetrit, natif de Ksar el Souk. Tsippi Livni est donnée grande favorite par tous les sondages même si elle devra affronter un second tour serré face à son principal rival, Shaül Mofaz. Rien ne garantit cependant que sa nomination mettra un terme à la crise politique israélienne.
De nombreux observateurs estiment que Tsippi Livni aura beaucoup de mal à mettre sur pied une nouvelle coalition parlementaire même si elle s’est déclarée favorable à la constitution d’un gouvernement d’union nationale avec le Likoud et le Parti travailliste dans l’hypothèse où le Shass refuserait de participer à la coalition gouvernementale.
Le vainqueur des élections primaires de Kadima disposera, aux termes de la loi fondamentale israélienne, d’un délai maximum de 48 jours pour constituer un gouvernement. En cas d’échec, le président de l’Etat Shimon Peres doit dissoudre le Parlement et provoquer, dans un délai de 90 jours, des élections législatives anticipées.
On peut supposer que le Likoud de Benyamin Netanyahou, donné grand favori du scrutin, fera tout pour dissuader le Shass, la formation séfarade ultra-orthodoxe, de permettre la reconduction de l’actuelle coalition gouvernementale.
S’il y parvient, les électeurs israéliens retourneront devant les urnes vers le mois de mars 2 009, au lendemain de l’entrée en fonctions du nouveau président américain.
Dans tous les cas de figure, la principale victime de l’actuelle crise politique israélienne est le processus de paix entamé avec l’Autorité palestinienne et la Syrie. Aucun accord ne pourra être conclu avec Abou Mazen avant la fin de l’année 2 008, contrairement à ce qui avait été prévu par la Conférence d’Annapolis en novembre dernier.
De quoi provoquer la colère d’une opinion publique palestinienne contrainte de constater l’échec de toutes les tentatives de règlement pacifique du conflit israélo-palestinien. Cette colère pourrait se traduire par le déclenchement d’une troisième Intifada ou par une dégradation très nette de la situation sécuritaire à la frontière entre Israël et la bande de Gaza.