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Journalistes otages : la communauté arabe sur la sellette à Bucarest

"Nous avons une longue liste d’hommes d’affaires arabes résidant en Roumanie, qui ont bâti des fortunes fabuleuses en violation des lois du pays", a affirmé vendredi à la presse le procureur général Ilie Botos.
"Nous avons l’intention de rouvrir tous les dossiers des dix dernières années, visant surtout les ressortissants d’origine arabe, accusés de fraude ou d’évasion fiscale et qui ont réussi à se soustraire à la poursuite pénale", a-t-il dit. L’arrestation il y a deux semaines à Bucarest, du roumano-syrien Omar Hayssam, pour ses liens avec les ravisseurs des trois journalistes Marie-Jeanne Ion, Sorin Miscoci et Eduard Ohanesian, pris en otages le 28 mars à Bagdad, a suscité de vives critique de la presse à l’encontre de la Justice, accusée d’avoir jusqu’ici fermé les yeux sur les affaires douteuses dans lesquelles il était impliqué. Avec une fortune de plus de 100 millions de dollars, bâtie entre autres dans l’industrie du bois ou dans l’immobilier, Omar Hayssam aurait porté un préjudice fiscal de près de deux millions d’euros à l’Etat roumain, selon le Parquet.
Plusieurs analystes soulignent notamment que M. Hayssam aurait réussi à échapper aux accusations de fraude, grâce notamment à ses relations avec l’ancien parti au pouvoir, le Parti social démocrate (PSD), dont il était membre, avant d’en être exclu au lendemain de son arrestation.

Un ancien chef des douanes roumaines, Nini Sapunaru, a même affirmé vendredi qu’Omar Hayssam serait aussi "un agent des services secrets arabes", affirmation qui n’a pas été officiellement démentie par Bucarest.
Alors que trois lieutenants d’Omar Hayssam, toujours d’origine arabe, ont été arrêtés la semaine dernière pour fraude et blanchiment, la presse de Bucarest a saisi l’occasion de rappeler à la Justice les noms d’autres hommes d’affaires arabes controversés en Roumanie. En tête de liste figure Khaled Matar, un Palestinien soupçonné d’avoir des connexions avec le réseau terroriste Al-Qaëda et arrêté par le FBI après les attentats aux Etats-Unis du 11 septembre 2001.

En Roumanie de 1984 à 1991, Matar voulait créer à Cluj (nord-ouest) "une école de pilotage pour 30 jeunes palestiniens", selon le journal Evenimentul Zilei, projet qui n’a pas vu le jour. Après avoir catégoriquement rejeté tout financement de réseaux terroristes depuis la Roumanie, le directeur du Service roumain de renseignements (SRI), Radu Timofte, a reconnu il y a deux mois que "d’importantes sommes venues de Roumanie ont alimenté les comptes d’organisations intégristes et terroristes". Très prospère et particulièrement influente, cette communauté "tire sa sève du régime communiste", selon l’historien Marius Oprea.

"À l’époque communiste, le dictateur Nicolae Ceausescu a accueilli plus de 500.000 étudiants arabes. Des jeunes islamistes ont alors été financés pour s’entraîner en Roumanie", a-t-il déclaré à l’AFP.
Des nombreux citoyens roumains d’origine arabe de Bucarest se disent toutefois victimes de l’ostracisme des autorités "qui ont lancé une chasse aux sorcières, voyant dans tout Arabe un possible terroriste".
"Il y a deux jours, j’étais dans un restaurant avec plusieurs amis lorsque la police a fait irruption, nous demandant nos papiers d’identité", a dit à l’AFP Mohammad, un médecin roumano-syrien, qui préfère ne pas dévoiler son nom. "Nous étions juste en train de boire un thé ensemble, comme nous le faisons chaque semaine depuis plus 15 ans dans ce même restaurant", dit-il.

Laura Chiriac
AFP

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