Les forces d’occupation ont annoncé laconiquement que « le nombre élevé de victimes palestiniennes est dû à l’intensité des échanges de tirs dans le secteur ». Neuf Palestiniens, quatre combattants et quatre civils sans armes, ont été tués hier dans la bande de Gaza, lors d’une agression particulièrement meurtrière de l’armée israélienne à Rafah. Un autre Palestinien a succombé dans la soirée à ses blessures. Trente-trois autres Palestiniens ont été blessés lors de l’agression israélienne, dont 7 sont dans un état grave. Parmi les blessés, figurent trois enfants âgés entre deux et cinq ans, selon des sources médicales. Durant l’opération de Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, plusieurs maisons ont été endommagées dans un secteur déjà en grande partie dévasté par l’armée israélienne. Une quarantaine de véhicules blindés ainsi que deux hélicoptères participaient à cette incursion, selon des sources sécuritaires palestiniennes. Rafah est située à cheval sur la frontière entre l’Égypte et la bande de Gaza. Les accords sur l’autonomie palestinienne, signés en 1993, accordent aux autorités israéliennes le contrôle du poste-frontière de Rafah côté palestinien. La dernière agression menée par l’armée israélienne à Rafah remonte au mois d’octobre et avait duré près de dix jours. Les derniers assassinats portent à 3 668 le nombre de personnes tuées depuis le début de la deuxième Intifada, fin septembre 2 000, dont 2 746 Palestiniens et 856 Israéliens. L’Autorité palestinienne et les Nations unies ont condamné l’agression israélienne à Rafah. La soeur d’un officier israélien tué lundi soir, Sarita Weizman, a dénoncé à la radio la présence de l’armée dans la bande de Gaza. « Mon frère est mort pour rien, comme tous les soldats qui défendent dans la bande de Gaza des colonies telles que Netzarim ne comptant que 23 familles ». « Si les colons veulent rester, ils n’ont qu’à se défendre eux-mêmes », a-t-elle ajouté. Prise de court, la population de Rafah a dû évacuer en catastrophe ses maisons pour fuir l’avancée israélienne. Sur un autre plan, le patriarche latin de Jérusalem, Mgr Michel Sabbah, a appelé Israël à lever le siège du QG du président Yasser Arafat et rendre sa liberté de mouvement au leader palestinien. « Nous sommes venus présenter nos voeux de nouvel an au président Arafat et prier Dieu de lui donner sa liberté et à toute cette terre », a déclaré le patriarche lors d’une visite au QG de la Moukataâ, à Ramallah. Le patriarche a affirmé par ailleurs que les peuples (israélien et palestinien) « veulent la paix ». Cernée par l’armée israélienne, la zone autonome de Bethléem (47 000 habitants en majorité musulmans), au sud de Jérusalem, a fêté son quatrième Noël depuis le début de l’intifada, fin septembre 2000. L’armée israélienne a transféré début juillet le contrôle de Bethléem aux forces de sécurité palestiniennes, mais l’armée se maintient tout autour, imposant régulièrement des restrictions à la circulation des personnes. Elle a affirmé que les contrôles seront maintenus pour empêcher des Palestiniens de sortir de Bethléem. Ceci n’empêche pas l’immigration en Israël de continuer à chuter. En 2003, elle a baissé de 31% par rapport à l’année précédente, selon des données officielles. Quelque 24 000 immigrants, dont la moitié venant de l’ex-URSS, sont arrivés en 2003, a indiqué un porte-parole de l’Agence juive, l’organisme para-gouvernemental chargé de l’immigration des juifs. Ces chiffres sont quatre fois inférieurs aux 100 000 immigrants par an qu’Ariel Sharon espérait pour les dix prochaines années. Or, faute d’une immigration massive juive, la population arabe deviendra majoritaire en Israël et les territoires palestiniens dans moins d’une décennie, selon les projections démographiques. La baisse du nombre d’immigrants est due à une chute de l’immigration en provenance de l’ex-URSS et d’Argentine, alors que les arrivées de France et d’Éthiopie stagnent. En 2002, 34.831 personnes avaient immigré en Israël, contre 44.000 en 2001 et 60.000 en 2000. La baisse de l’immigration s’explique, selon le porte-parole de l’Agence juive, par la conjonction de plusieurs facteurs , particulièrement la dégradation de la situation sécuritaire en Israël, les agressions menées contre les palestiniens et la récession qui frappe le pays.