George W. Bush ne pouvait que s’en réjouir. La condamnation de Saddam Hussein à mort par pendaison le comble d’aise. Ceci d’autant plus qu’il estime que "ce procès est un jalon dans les efforts du peuple irakien pour remplacer la loi d’un tyran par l’Etat de droit". «C’est une réussite majeure pour la jeune démocratie irakienne et son gouvernement constitutionnel», a-t-il déclaré. Même satisfaction à Londres. «Je salue le fait que Saddam Hussein et les autres accusés ont été présentés devant la justice et ont eu à rendre compte de leurs crimes», a déclaré la secrétaire au Foreign Office, Margaret Beckett. Le Premier ministre australien, John Howard, fervent supporter de George W. Bush, a qualifié le verdict de "manifestation de la démocratie", tout en affirmant qu’il était contre la peine capitale. «La manière dont les autres pays régissent la peine de mort est leur affaire», a-t-il cependant ajouté.
A l’exception de la Grande-Bretagne, les pays d’Europe occidentale, tout en approuvant le fait que l’ancien dictateur doit rendre compte de ses crimes, ont exprimé leur rejet de principe de la peine de mort.
«L’Union européenne est opposée à la peine capitale dans tous les cas et dans toutes les circonstances et appelle à ne pas l’appliquer dans le cas présent», a déclaré la présidence finlandaise de l’UE. «L’établissement de la vérité et de la responsabilité pour les crimes commis pendant le régime passé contribuera à la réconciliation nationale et au dialogue en Irak à l’avenir».
L’Allemagne s’est félicitée que les crimes de Saddam Hussein aient été "jugés par un tribunal", mais a rappelé l’existence dans l’UE d’"un refus de principe de la peine de mort". La France a déclaré "prendre acte de la sentence" en rappelant, elle aussi, son opposition à la peine de mort.
L’Italie a estimé que le verdict reflétait "le jugement de toute la communauté internationale" sur Saddam Hussein, tandis que l’Espagne jugeait que "comme tout autre dirigeant politique, Saddam Hussein doit répondre de ses actes".
Les réactions ont été similaires en Irlande, en Suède et au Danemark, ce pays soulignant toutefois ne pas soutenir le tribunal irakien spécial.
La Russie a fait allusion à une implication des Etats-Unis dans la sentence. «Le procès d’un citoyen d’un pays, quel que soit le poste qu’il a occupé, est une affaire intérieure de ce pays et doit se dérouler et s’achever sans suggestion de l’étranger», a dit le ministère russe des Affaires étrangères.
Le verdict doit "réjouir le peuple irakien, qui a connu beaucoup de malheurs", a souligné la Turquie.
L’Iran, en guerre entre 1980 et 1988 contre le régime de Saddam Hussein, a applaudi. «La République islamique accueille favorablement la sentence», selon le ministère iranien des Affaires étrangères.
Au Koweït, occupé par l’armée irakienne il y a 16 ans, il n’y a pas eu de réaction officielle. Mais le verdict a été accueilli dans les rues par des applaudissements, des youyous et des pleurs de joie.
Un membre du Conseil consultatif saoudien, Mohammad al-Zalfa, s’est félicité du jugement, estimant qu’il s’agissait de "la moindre des choses" pour les Irakiens ayant perdu des membres de leur famille.
Israël, pour ne pas ajouter aux tensions, et la Chine, par refus d’"ingérence dans une affaire intérieure irakienne", n’ont pas commenté. Le Haut commissaire de l’ONU chargé des droits de l’Homme, Louise Arbour, a appelé Bagdad à observer un moratoire sur l’exécution pour permettre à toutes les procédures d’appel d’avoir lieu. Amnesty International a estimé que le procès avait été "une affaire glauque marquée par de graves failles qui remettent en question la capacité du tribunal, tel qu’il est établi actuellement, à administrer une justice juste, en conformité avec les normes internationales". Human Rights Watch (HRW) a jugé aussi que le procès avait été "une occasion ratée de donner un sens à la règle de droit", en échouant à établir les faits avec des preuves indiscutables.