A Sharm El Cheikh, le Sommet qui a réunis mardi Palestiniens, Egyptiens, Jordaniens et Israéliens s’est déroulé dans un climat d’optimisme exceptionnel. Et pour preuve, le Premier ministre israélien Ariel Sharon a invité, après la fin du Sommet, le dirigeant palestinien Mahmoud Abbas à lui rendre visite «très bientôt» dans son ranch du Néguev (sud d’Israel). Autre nouveauté, le retour des ambassadeurs égyptien et jordanien à Tel Aviv comme l’a annoncé le ministre égyptien des Affaires étrangères Ahmed Aboul Gheit à l’issue du Sommet.
L’optimisme de mise avant le début de la rencontre s’est donc confirmé à travers les déclarations des deux hommes. Le leader palestinien et le Premier ministre israélien ont annoncé la fin des violences entre Israël et la Palestine. «Je suis tombé d’accord avec le Premier ministre israélien Ariel Sharon pour mettre fin à tous les actes de violences contre les Israéliens et les Palestiniens où qu’ils soient», a déclaré le premier. Et d’ajouter : «Le calme que nos territoires connaîtront à partir de ce jour signale le début d’une nouvelle ère, un début pour la paix et l’espoir». «Aujourd’hui, lors de ma rencontre avec M. Abbas, nous sommes tombés d’accord pour que les Palestiniens cessent tous les actes de violence contre les Israéliens partout et parallèlement, Israël cessera ses opérations militaires contre les Palestiniens partout», a pour sa part déclaré M. Sharon.
«Nous espérons qu’à partir d’aujourd’hui commence une nouvelle ère de calme et d’espoir», a-t-il ajouté. «J’ai accepté de transférer la responsabilité de secteurs palestiniens», a-t-il estimé dans une allusion à plusieurs villes de Cisjordanie où seront déployés des Palestiniens armés, comme cela fut le cas récemment dans la bande de Gaza. Ce changement de discours israélien intervient quelques mois après le décès de Yasser Arafat et l’élection du dirigeant modéré Mahmoud Abbas, dans des conditions qualifiées de démocratiques pour lui succéder à la tête de l’Autorité palestinienne. Le Sommet de Sharm El Cheikh traduit ainsi l’espoir qu’une solution négociée du conflit israélo-palestinien était à nouveau possible.
Un espoir nourri par les dernières déclarations des responsables américains. Le président américain George W. Bush, de même que sa nouvelle secrétaire d’Etat Condoleezza Rice, ont tous deux marqué publiquement leur volonté de travailler avec le nouveau président palestinien. Signe de l’appui américain donné à Mahmoud Abbas, Mme Rice a demandé à Israël de «continuer à prendre des décisions difficiles» pour permettre l’établissement d’un Etat palestinien.
Mais ce regain d’optimisme n’est pas partagé de tous. De nombreux spécialistes du Proche-Orient mettent en garde contre un excès d’optimisme après ces annonces qui interviennent après plus de quatre ans d’Intifada et d’espoirs souvent déçus. « J’ai appris que sur la terre des prophètes, il vaut mieux ne pas se livrer au jeu de la prophétie », confie à l’AFP Eytan Haber, ancien conseiller du Premier ministre israélien assassiné en 1995, Yitzhak Rabin. Et d’ajouter : «D’autant que l’expérience nous a montré que sombrer trop vite dans l’euphorie pouvait aboutir à de mauvaises surprises». Il est à signaler que les accords d’Oslo de 1993, signés par Rabin et Yasser Arafat, le président de l’Autorité palestinienne décédé en novembre, avaient suscité un grand espoir dans la région, avant de capoter et d’être suivis par des flambées de violence.