Birine, située à quelque 270 kilomètres au sud d’Alger, a connu une journée particulière, lundi dernier. Plus de 5.000 personnes sont descendues dans la rue manifester leur colère, suite à une augmentation du prix du gaz butane, qui est passé de 170 à 200 dinars (18 à 22 DH environ).
L’exaspération des manifestants était d’autant grande que la consommation de ce produit atteint son zénith, à cause du froid qui, lui aussi, atteint son pic en cette période. Les habitants de Birine, qui n’auraient jamais poussé les violences à ce stade, sont également irrités par le taux élevé de chômage, la cherté du coût de la vie et la marginalisation dont ils font l’objet.
« La ville est très mal entretenue et les aménagements ne concernent que les artères principales. Quant aux quartiers, toutes les routes sont défoncées. Aux limites du souk qui se trouve presque au centre-ville des tas d’immondices jonchent le sol depuis longtemps. ( ) Les Birinois se déplaçaient à Aïn Oussera ou à Aïn Boucif pour s’approvisionner en gaz et à des prix défiant tout entendement. Du simple au double carrément », indique « La Nouvelle République » dans son édition du 19 janvier. Une autre thèse avancée par le quotidien «Liberté » veut que ce soit « un lobby d’importateurs », originaires de Birine, qui aurait été derrière ces émeutes. Ils auraient « manipulé des délinquants, les poussant à mettre le feu aux documents fiscaux, voire leurs dossiers à la recette des impôts de Birine. La manifestation a dégénéré et les protestataires s’en sont pris à des édifices publics, saccageant et incendiant plusieurs d’entre eux, dont l’Hôtel de ville.
L’intervention des forces de sécurité, à coups de gaz lacrymogènes, n’aura fait que chauffer davantage les esprits. Débordées, les forces anti-émeutes ont dû faire appel à du renfort. Plusieurs arrestations, dont celles de mineurs, ont été opérées et le bilan de ces émeutes n’a pas totalement été arrêté. Selon « Liberté », « pas moins de 33 émeutiers ont été arrêtés ( ) par les éléments de la Sûreté nationale à Birine, à 130 km au nord-est de Djelfa, alors que 10 policiers ont été blessés, dont 3 estimés graves. Par ailleurs, les dégâts matériels sont évalués à des dizaines de milliards de centimes.»
Le quotidien algérien indique, outre sa première thèse concernant les commanditaires des émeutes, que celles-ci auraient été orchestrées par les enseignants qui, vraisemblablement, n’avaient pas encore touché leurs salaires.
« Le wali de Djelfa, M. Hamou Ahmed Touhami, a pour sa part ordonné, hier (mardi, ndlr), le versement des salaires des enseignants qui auraient, selon certaines sources, manipulé des élèves pour protester dans les rues en signe de solidarité avec leurs professeurs n’ayant pas encore perçu leurs salaires. Le wali a aussi ordonné la distribution en grandes quantités de gaz butane sous le contrôle des services de sécurité », souligne « Liberté ».
Parallèlement, dans la région de la Petite Kabylie, à Kherrata, d’autres émeutes ont eu lieu. Protestant à leur manière contre la hausse du prix du gaz, les manifestants ont procédé au blocage de la route nationale menant vers Béjaya.