Saleh Ould Hanena est sous les verrous. L’ex-commandant, radié de l’armée en 2000, a été arrêté samedi dans la ville de Rosso, à la frontière avec le Sénégal. Bien loin de son Aioun El Atrouss natal, ville-bastion de la tribu des Oulad Nasser dont il est membre. Cerveau du putsch manqué d’août 2003, Saleh Ould Hanena et son groupe auto-baptisé «Les cavaliers du changement», maintiennent depuis quinze mois une pression intense sur le régime en place. Dès l’annonce de la nouvelle, des centaines de Nouakchottois, visiblement soulagés, sont descendus dans les principales places et artères de la ville.
L’arrestation de ce «cavalier du changement», intervient, il faut le rappeler, quelques semaines à peine après celle d’ Abderahmane Ould Mini, autre gros poisson, lui aussi parmi les dirigeants du putsh du 8 juin 2003. Ould Mini a été surpris en plein sommeil, fin septembre, dans une villa huppée du quartier Tavreigh Zeina à Nouakchott. Dans la dernière semaine de septembre, de nombreuses arrestations ont été opérées dans la grande muette.
C’est le cas du colonel Cheikh Ould Abdallahi, commandant de la base militaire de Boulanoir, relevant de la première région militaire (Nouadhibou).
Cas encore du capitaine Dahanna Ould Sidi Mahmoud Ould Salah, commandant de l’artillerie dans cette première région. Ce dernier n’est autre que le gendre de Rachid Ould Salah, président de l’Assemblée nationale, appartenant à la tribu des Oulad Nasser d’où sont originaires la plupart des putschistes appréhendés. De l’avis des observateurs indépendants, l’arrestation d’Ould Hanena met probablement fin à une longue parenthèse de suspicion et de psychose de coups d’Etat. Pour les autorités mauritaniennes, ces tentatives de putsch portent le sceau de la Libye et du Burkina Faso.
Mercredi dernier, lors du Conseil des ministres, Hamoud Ould Abdi, ministre de la Communication et des Relations avec le Parlement a été on ne peut plus précis: « Nous faisons le constat que la Libye et le Burkina Faso sont déterminés à poursuivre leur agression criminelle délibérée contre notre pays, en abritant, en encadrant et en entraînant des bandes de hors-la-loi. Ils ont poussé certains parmi eux à s’infiltrer dans notre territoire pour perpétrer des actes terroristes et subversifs ».
Des propos appuyés par des «preuves matérielles».
La veille, des stocks importants d’armes et d’explosifs ont été montrés au corps diplomatique présent à Nouakchott ainsi qu’à certains partis politiques de la mouvance présidentielle.
D’autre part, pour Baba Ould Sidi, ministre mauritanien de la Défense, cité par l’AFP, les chefs putschistes du 8 juin 2003, à savoir l’ex-commandant Saleh Ould Hanena Ould Saleh, radié de l’armée en l’an 2.000 et le commandant Mohamed Ould Cheikhna, en fuite, avaient bien élu domicile au Burkina Faso, pas loin du palais présidentiel de ce pays.
En tout, douze putschistes se trouvaient dans cet endroit, tous démarchés par un certain Moustapha Ould Limam Chaffi, homme d’affaires mauritanien résidant dans ce pays et qui aurait ses entrées au Palais du Faso.
Présenté par la presse mauritanienne comme un «conseiller officieux » du président burkinabé, Ould Limam Chaffi, 46 ans, habitué de la Libye, serait connu de Niamey à Abidjan.
Serait-il comme le présente le directeur du journal mauritanien «Inimish Al Watan» comme le «chargé de la coordination des mouvements de libération entre l’Afrique de l’Ouest et les pays arabes» ?
En tout cas, le Burkina Faso et la Libye démentent officiellement toute ingérence dans les affaires mauritaniennes.
En attendant, les relations de la Mauritanie avec ces deux pays sont au plus bas. La cérémonie du 1er septembre, célébrée en retard à l’ambassade Libyenne à Nouakchott mardi dernier, a été copieusement boycottée par les autorités mauritaniennes.