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Le mystérieux destin de Shakir Al Abssi

© D.R

Alors que le camp palestinien de Nahr Al Bared, devenu un point culminant de l’actualité mondiale, est toujours encerclé par l’armée libanaise dans l’attente d’une solution militaire ou d’une reddition des militants armés de «Fatah Al Islam», les grandes interrogations demeurent sur l’apparition subite de cette force armée comme acteur principal de la scène libanaise sous la houlette de Shakir Al Abssi. Inconnu du grand public il y a encore quelques semaines, Shakir Al Abssi, 51 ans et jordanien d’origine palestinienne, est apparu sur la chaîne de télévision Al Jazeera  dans les habits reconnaissables du leader d’Al Qaïda Ossama Ben Laden.
Avec les mêmes mimiques, la même scénarisation et une grande ressemblance dans la rhétorique, Shakir Al Abssi est vite devenu une icône d’un enjeu politique aux dimensions  régionales incertaines. Une barbe afghane, un keffieh palestinien, une kalachnikov posée sur la table, similaire à celle portée par un combattant, garde-corps, qui veille jalousement sur la lecture de cette première allocution.
Les rares biographies de Shakir Al Abssi, étoile montante de la terreur mondialisée, établissent une relation entre le chef de Fatah Al Islam et le jordanien Abou Moussab  Zarqawi, tué en Irak par les américains en 2006, les deux hommes étant impliqués- le premier dans la logistique, le second dans l’exécution- dans l’assassinat du diplomate américain  Laurence Foley à Amman en octobre 2002. Condamné à mort par contumace, Shakir Al Abssi dut fuir vers la Syrie où, arrêté pour d’autres affaires, il passa trois longues années dans les geôles syriennes.
Les conditions de sa libération des prisons syriennes et de son installation dans les camps palestiniens au nord du Liban furent à l’origine de l’accusation portée par les  détracteurs du régime syrien qui accusent Damas d’être à l’origine de la création et de la manipulation de « Fatah Al Islam » pour déstabiliser le Liban et empêcher la naissance d’un tribunal à caractère international chargé de juger les meurtriers de l’ancien premier ministre Rafik Hariri
Dans une des rares et premières interviews qu’il a accordé à la presse internationale, Shakir Al Abssi dévoila une partie de sa stratégie aux intonations empruntées au discours d’Al Qaïda. Il confia en mars dernier au journal américain le «New York Times» : «La force est le seul moyen pour obtenir nos droits. C’est de cette façon que nous traitent les Américains. Quand ils sentiront que leurs vies et leur économie sont menacées, ils comprendront qu’ils doivent partir». Alors que l’ensemble des spécialistes de ce dossier sensible semblent avaliser l’implication syrienne dans la naissance et l’activisme de «Fatah Al Islam», le célèbre journaliste d’investigation  américain du «New Yorker», Seymour Hersh, a pris tout le monde de court en affirmant à Hala Gorani de CNN que cette situation était le fruit d’un accord politique conclu dans le plus grand secret  entre le vice-président américain, Dick Cheney, et les deux conseillers à la sécurité nationale américain et saoudien, Eliot Abrahams et le prince Bandar Ben Sultan.
Le grand deal, affirme Hersh, est que les Saoudiens puissent financer en sous main «Fatah Al Islam» avec la ferme volonté de mettre sur pied une force sunnite armée capable de contrecarrer l’influence de plus en plus grande du Hezbollah libanais. Ce mouvement politique armé est considéré par les sécuritaires américains comme une menace sérieuse  capable de porter dans l’avenir des coups durs aux intérêts américains dans le  monde et même, phénomène nouveau dans les prévisions US, de se déployer pour atteindre le territoire américain. Les facilités avec lesquelles les militants  étrangers de «Fatah Al Islam» purent s’installer dans les camps palestiniens et se mouvoir sur le territoire libanais suscitent des interrogations pertinentes.
Cette décision rappelle étrangement l’équation afghane quand Riyad et Washington  finançaient généreusement les islamistes d’Ossama Ben Laden pour bouter l’armée soviétique hors de l’Afghanistan non encore « talibanisé ». Elle fait partie d’un grand plan clandestin américano Saoudien de lutte contre l’influence croissante des Shiites sous parrainage iranien.
C’est dire l’épaisseur de la confusion et de l’interrogation qui règnent sur ce dossier entre la piste saoudienne hantée par la propagation de l’influence iranienne et la piste syrienne préoccupée par les desseins américains que Damas juge déstabilisateurs dans la région.

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