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Le non plonge le Parti socialiste dans la crise

Le premier secrétaire, qui a mené campagne pour le oui, s’est
livré à un exercice difficile, si ce n’est impossible : jeter les ponts d’un
rassemblement au PS sans renier la position officielle du parti. Il a ainsi
estimé que les socialistes n’avaient pas «à regretter» d’avoir «fait le
choix de la vérité» sur le traité. Après avoir déploré la «division» du
parti durant la campagne, il a appelé «la gauche, celle qui a voté oui et
celle qui a voté non, à se rassembler sur un projet crédible».

Hier, partisans socialistes du oui et du non ont cependant apprécié les
résultats de façons diamétralement opposées. «La situation est grave», a
déclaré Jack Lang. «Pour l’Europe, c’est un coup d’arrêt», a déclaré
Dominique Strauss-Kahn. 

«Ce n’est pas un vote de peur, c’est un vote d’espérance», s’est réjoui
Henri Emmanuelli. «C’est un non joyeux et populaire», a estimé Jean-Luc
Mélenchon. Le premier des opposants à la Constitution, Laurent Fabius, est
quant à lui demeuré silencieux hier soir: l’ancien premier ministre, qui a
accueilli les résultats «calmement» dans son fief du Grand-Quevilly, doit
s’exprimer aujourd’hui, sur TF1. 

Pour le PS, la situation est explosive. Les partisans du non ont commencé à
réclamer une inflexion de la ligne du parti. «Le PS doit examiner avec
sérénité ce vote et sa sociologie», a affirmé Henri Emmanuelli. «Le PS,
comme d’autres partis, a fait fausse route après le 21 avril», a observé
Arnaud Montebourg. Le député du Nord Marc Dolez, un cran plus loin, a
demandé à la direction de «remettre son mandat dans les mains des
militants». 

Du côté du oui, Dominique Strauss-Kahn a prévenu: «Je vais me battre pour
que le Parti socialiste reste réformiste, qu’il ne cède pas aux sirènes de
l’extrême gauche comme les résultats du vote pourraient le tenter.» Laissant
transparaître sa colère, le maire de Paris, Bertrand Delanoë, a fustigé «les
dirigeants qui ont choisi la facilité et la démagogie».

Mais l’ampleur du vote non, en particulier à gauche, interdit au PS des
conclusions trop faciles: l’impopularité du gouvernement, sévèrement pointée
du doigt hier, n’explique pas tout. «Cela ne suffit pas», juge le numéro
trois du PS, François Rebsamen. «Il y a quelque chose: tous les milieux
populaires ont voté non.» Les partisans du oui, aux commandes Rue de
Solferino, ne pourront pas ignorer le choix de leur électorat.

Un conseil national du PS, qui s’annonce d’ores et déjà houleux, devra se
tenir samedi prochain pour analyser le vote et en tirer les conclusions. «Il
va falloir avoir le c¦ur bien accroché», pronostique un partisan du oui. Le
conseil national devrait décider la réunion d’un congrès de «clarification»
avant la fin de l’année. François Hollande l’a laissé entrevoir hier en
déclarant que les «adhérents du PS doivent avoir le dernier mot». Dans cette
perspective, Dominique Strauss-Kahn envisage d’ores et déjà une alliance
avec le premier secrétaire.

Les partisans du oui pensent que l’hétérogénéité des partisans du non
empêchera l’émergence d’un projet alternatif. En effet, si Henri Emmanuelli
espère ouvrir un débat dans la social-démocratie pour s’opposer au
«libéralisme», il n’est pas dit que Laurent Fabius y souscrive. En ce qui
concerne la présidentielle, le député des Landes s’est prononcé hier pour
des «primaires». Dans le camp du oui, on s’est empressé d’y voir une
déclaration de candidature face à Laurent Fabius.

Sûr de lui, l’ancien premier ministre se raccroche à une certitude, celle du
résultat. Son lieutenant, Claude Bartolone, l’explique: «Il n’y a pas une
organisation politique qui peut aller contre 70% de ses électeurs.»

 
D’après Le Figaro

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