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Le processus de paix au plus mal

Septembre 2000. Sept années d’autonomie palestinienne se soldent par un bilan des plus maigres. Contrairement aux engagements pris par Israël, l’Autorité palestinienne contrôle en pleine souveraineté moins de 20 % des territoires occupés en 1967 – la proportion monte à 42 % si l’on ajoute des zones dont elle partage la souveraineté avec Israël. De surcroît, chacun de ces îlots est séparé des autres par les routes de contournement desservant les implantations juives. Car la colonisation de la Cisjordanie a quasiment doublé depuis 1993. Quant à l’économie palestinienne, elle était incapable, avant même l’Intifada et le blocus, d’assurer une vie digne à trois millions d’habitants. Telle est la poudrière qu’allait faire exploser, le 28 septembre 2000, la visite du chef du Likoud, Ariel Sharon, sur l’Esplanade des Mosquées suivie le lendemain, par les tirs à balles réelles contre les manifestants. Des tirs qui seront suivis de bouclages inhumains et de meurtres infâmes. La liste des morts est longue, trop longue. Et elle continue malheureusement de s’allonger jour après jour. De plus, l’image insoutenable du petit Mohammed Addora est encore gravée dans toutes les mémoires. Dès le lendemain de l’élection de Sharon, tous les espoirs d’un règlement du conflit au Proche-Orient se sont envolés. La personnalité même de l’ancien général, commandant les forces israéliennes durant l’occupation du Sud Liban, ne pouvait laisser aucun doute sur ses intentions bellicistes. Comment un individu, qui s’est rendu complice de la boucherie de Sabra et Chatila, pouvait-il prétendre éteindre un feu qu’il avait lui-même contribué à raviver lorsqu’il sévissait dans l’opposition ? Et que dire encore de la composition de son équipe ? Jamais un gouvernement israélien n’avait compté autant de membres : vingt-six ministres et douze vice-ministres. Cette inflation témoigne du prix payé par le Premier ministre pour associer l’essentiel de la classe politique à son entreprise. De fait, à l’exception des partis arabes, du parti sioniste de gauche Meretz, du Parti national religieux et du mouvement juif oriental Gesher, nul n’est absent. Encore une « première » : jamais les Travaillistes n’avaient accepté de côtoyer au pouvoir l’extrême droite, dont un des travaillistes, le général Zeevi (qui sera abattu par des membres du Front populaire de libération de la Palestine) prônait le « transfert » des Palestiniens et l’autre, Avigdor Lieberman, avait menacé de « bombarder Téhéran et le barrage d’Assouan »… Mais ce qui était le plus inquiétant dans cette coalition, c’était son programme. L’entente Likoud/Parti travailliste fait table rase des acquis des négociations antérieures et tourne le dos à l’idée même d’accord définitif. Refusant toute concession sur un nouveau retrait de l’armée israélienne comme sur Jérusalem et sur les réfugiés, elle prétend en fait imposer aux Palestiniens le statu quo actuel. Enfin, et surtout, elle entend répondre au besoin de sécurité qui a porté Sharon au pouvoir en rétablissant coûte que coûte l’ «ordre» dans les territoires. Quoi qu’il advienne, une page de l’histoire du Proche-Orient se referme : celle dite du «processus de paix», ouverte par la conférence de Madrid en 1991 et la Déclaration de principes israélo-palestinienne du 13 septembre 1993.

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