L’Egypte s’est retrouvée samedi dans le collimateur de la communauté internationale après la sanglante répression de réfugiés soudanais, venant après les violences meurtrières des législatives. Au moins 25 demandeurs d’asile soudanais ont péri vendredi lors de l’évacuation par la police d’un campement établi depuis trois mois devant le bureau au Caire du Haut Commissariat aux réfugiés de l’Onu (HCR). Après les avoir inondés par de puissants canons à eau, les policiers égyptiens ont finalement chargé à coups de matraques quelque 2000 Soudanais désireux de s’établir, comme réfugiés politiques, dans des pays occidentaux. La presse a constaté sur place la brutalité de la police pour les faire évacuer et monter dans des bus afin de les parquer dans un camp militaire au sud du Caire, d’où certains ont été relâchés samedi matin. Si le ministère de l’Intérieur a reconnu 12 décès, les imputant à "un mouvement de panique", 25 corps ont été recensés à la morgue, parmi lesquels sept enfants, a indiqué une source judiciaire. Manifestement stupéfaite, la communauté internationale a exprimé son émotion, critiquant l’usage excessif de la force par le gouvernement égyptien pour dénouer cette crise.
"Ces morts sont une terrible tragédie que rien ne justifie", a affirmé le secrétaire général de l’Onu, Kofi Annan, tandis que le haut commissaire pour les réfugiés, Antonio Guterres, a jugé "une telle violence sans justification". Washington s’est dit attristé par ces décès, alors que le gouvernement soudanais, par la voix de son vice-ministre des Affaires étrangères, Ali Ahmed Kerti, déplorait la mort "sans nécessité" des demandeurs d’asile. L’organisation américaine des droits de l’Homme Human Rights Watch (HRW) a dénoncé "l’extrême brutalité" de la police, demandant au président Hosni Moubarak la création d’une commission d’enquête indépendante. L’opposition égyptienne a critiqué le gouvernement, en particulier les Frères musulmans, forts d’un député sur cinq dans le nouveau Parlement. Deux cents militants du mouvement Kefaya ont manifesté samedi sur le lieu du carnage. Le tout nouveau gouvernement égyptien s’est retrouvé samedi sur la défensive, après avoir laissé la veille le ministère de l’Intérieur tenter de laisser accréditer la thèse de la "panique" pour expliquer les décès.