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L’épreuve de force culmine mardi en France, risque de violences de rues

Responsables politiques et syndicaux considèrent que cette journée sera cruciale pour la suite du mouvement de contestation contre le contrat première embauche (CPE) qui agite le pays depuis huit semaines.

Cette quatrième journée de mobilisation survient alors que le dialogue politico-syndical est dans l’impasse et que des responsables locaux s’inquiètent de la tension grandissante dans certaines banlieues déshéritées autour de Paris, théâtre d’émeutes sans précédent en novembre.

Le principal syndicat, la CGT, a annoncé que la journée de mardi serait un "tournant décisif". La coordination nationale étudiante a appelé à une grève générale le 4 avril si le CPE n’était pas retiré.

Au total, 135 manifestations sont prévues. Des grèves devraient largement perturber les chemins de fer, touchés dès lundi soir, le transport aérien ainsi que les bus dans plus de 70 villes.

A Paris, le trafic devrait être réduit au moins de moitié dans les métros et les trains de banlieues, risquant de rendre chaotique les déplacements de centaines de milliers de personnes.

Inflexibles et unis, les mouvements étudiants, lycéens et les syndicats exigent toujours le retrait du CPE, un contrat de travail pour les moins de 26 ans, accusé de favoriser la précarité car il prévoit qu’un jeune peut être licencié sans motif pendant 2 ans.

Le Premier ministre Dominique de Villepin, au coeur de la tourmente, ne veut pas reculer et n’a proposé que des "aménagements" au CPE, dont il affirme qu’il va faire baisser le chômage des jeunes.

Les syndicats comptent sur la mobilisation des fonctionnaires (5 millions de personnes) mais aussi du privé pour réussir leur démonstration de force. Le 18 mars, entre 530.000 et 1,5 million de personnes avaient manifesté.

La grande inquiétude concerne la sécurité. Des milliers de policiers vont être déployés, notamment à Paris, où le plus important des cortèges doit s’ébranler en début d’après-midi.

Manifestants et policiers redoutent de voir, comme jeudi, des centaines de "casseurs", parfois mineurs, venus des cités de banlieues, agresser des manifestants pour les voler, détruire des vitrines ou brûler des voitures.

Ces violences alimentent les craintes d’une reprise des troubles qui avaient embrasé, en novembre, les banlieues déshéritées où vivent de nombreux jeunes Français originaires principalement d’Afrique noire et du Maghreb et où le taux de chômage atteint jusqu’à 50%.

Lundi, de nouveaux incidents -voitures saccagées et brûlées- ont éclaté en marge d’une manifestation lycéenne à Saint-Denis, dans la banlieue de Paris.

Dans ce climat de tension, 83% des Français souhaitent que le président Jacques Chirac s’implique davantage dans un conflit qui alimente en outre les rivalités pour sa succession.

Le ministre de l’Intérieur Nicolas Sarkozy, candidat déclaré à la présidentielle de 2007, s’est démarqué de M. de Villepin, qui joue lui son avenir politique sur l’issue du conflit.

Selon un nouveau sondage, lundi, plus de six Français sur dix (63%) désapprouvent la décision du Premier ministre de maintenir le CPE.

Pour le quotidien conservateur Le Figaro, le Premier ministre affronte une "semaine à quitte ou double". Pour Libération (gauche) le "pari" de Villepin porte sur les suites de la journée de mardi et "la difficulté pour le mouvement syndical et étudiant de capitaliser sur une réussite" de cette journée.

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