Le nouveau président mauritanien, Ely Ould Mohamed Vall, n’a pas fait prévaloir le round d’observation de 100 jours, représentant traditionnellement la période de grâce. Et-ce pour cause d’une situation économique dramatique ? En tout cas, pour le locataire du palais ocre et gris, la Mauritanie est au bord du gouffre.
Lors d’une conférence de presse tenue dans la nuit du samedi au dimanche, un peu plus de 60 jours après son arrivée au pouvoir, M. Vall a longuement critiqué la gestion de l’ancien régime, chiffres à l’appui. Ainsi, 37,7 milliards d’ouguiyas (une ouguiya = 30 dirhams) manqueraient dans le budget de l’Etat à fin juin dernier. Ce montant qui représente déjà 6,7% du produit intérieur brut (PIB), devra croître pour atteindre 72,7 milliards de dirhams, à la fin décembre.
Emboîtant le pas au chef de l’Etat, le Premier ministre a déploré l’état lamentable des établissements publics. Autant dire que pour les nouveaux dirigeants de la Mauritanie, l’urgence est d’abord économique. Le gouvernement a promis de faire soumettre ces divers établissements publics à des contrôles et des audits. Mais pas de chasses aux sorcières, à tenu à rappeler l’homme fort du régime, attaché plus que jamais à un indispensable consensus autour de la période de transition.
Aussi, toute poursuite judiciaire à l’encontre des responsables de l’ancien régime est exclue. «Nous préférons nous pencher sur la situation actuelle et nous orienter vers un avenir brillant loin de tout règlement de comptes avec les responsables de l’ancien régime», a insisté le Premier ministre, réitérant de ce fait l’une des grandes constances des déclarations du président Ely Ould Mohamed Vall durant ses premiers soixante jours au pouvoir : «Pas de poursuites judiciaires».
Pourtant, quelques administrations-clés comme la Société nationale de l’industrie minière (SNIM) ou encore la Direction du Budget, dirigées par des proches de l’ancien président, ont connu des changements à leur tête. Dans la logique du redressement budgétaire prononcé, les Mauritaniens se demandent si des entreprises bien connues de la place, en retard vis-à-vis des impôts et de la Douane, passeront à la caisse. Dossier épineux.
Sur le plan politique, le CMJD au pouvoir a déjà fait du chemin, en obtenant notamment le retour de certains opposants politiques en exil. Cas des Cavaliers du changement, auteurs de la sanglante tentative de putsch contre Ould Taya, le 8 juin 2003. Reste toujours, le problème des réfugiés mauritaniens au Sénégal et au Mali.
«Une question qui ne sera pas occultée», a dit le président de la république, rappelant dans la foulée, que «chaque chose sera traitée en son temps».
Selon la Map, le président du CMJD a précisé, lors d’une conférence de presse, qu’en premier lieu, "tout Mauritanien qui se présentera à la frontière peut rentrer s’il en a la preuve (de son identité, ndlr), sinon, une enquête sera ouverte pour son identification".
"En deuxième lieu, si cela ne suffit pas, les Parlement et le président qui seront élus devront se pencher sur le passif humanitaire de l’ancien régime et trouver les solutions qui conviennent", a ajouté Mohamed Vall, arrivé au pouvoir le 3 août à la faveur d’un coup d’Etat contre le président Maaouiya Ould Taya.
Le chef du CMJD a en outre souligné que toute solution dans ce domaine devra être recherchée "à la mauritanienne, par des Mauritaniens, loin de toute pression étrangère qui ne peut être que nuisible et inacceptable en période de transition".
Sur le plan extérieur, le président du CMJD a abordé la question du Sahara marocain, affirmant que celle-ci est "claire", ajoutant que Nouakchott soutient toute position qui plaide pour "une solution consensuelle afin de mettre un terme à ce problème qui préoccupe les frères dans la région".