Brandissant des portraits des tués, des dizaines de proches des victimes, ont dénoncé cette décision, jurant de "continuer la lutte jusqu’à ce que les policiers soient punis", lors d’un sit-in de protestation à Jérusalem. Des avocats du Centre juridique de défense des droits de la minorité arabe (Adala) ont annoncé pour leur part qu’ils présenteraient un recours devant la Cour suprême si cela ne suffit pas devant des instances internationales. Une commission de la "police des polices", relevant du ministère de la Justice a conclu qu’elle ne disposait pas "d’éléments suffisants pour justifier des inculpations", dans un rapport publié dimanche. La commission a estimé qu’il était impossible d’identifier les balles des policiers qui avaient tiré, compte tenu notamment du fait que les familles des victimes avaient refusé des autopsies. Elle a justifié dans certains cas des "tirs sur les jambes de manifestants" participant à des émeutes.
Des représentants de la communauté arabe d’Israël qui avaient élevé de vives protestations et menacé dès samedi de faire appel à des instances internationales, se sont réunis dimanche pour décider des formes de protestation ces prochaines semaines. "C’est une décision inique que nous ne sommes pas prêts à accepter. Nous ne sommes pas disposés à passer l’éponge et à permettre aux policiers coupables de ne pas être inquiétés et s’il le faut nous nous adresserons à des instances internationales", a déclaré Shawki Khatib, le président d’un comité représentatif de la minorité arabe.
"Depuis le début, il était clair que la Police des polices couvrirait les auteurs de ces crimes plutôt que de les poursuivre", a déclaré le député arabe israélien Azmi Bishara. De son côté, une députée de gauche, Zaava Galon a dénoncé cette décision qui "constitue, selon elle, un mépris de la vie humaine et contredit les recommandations d’une commission précédente".
En octobre 2000, douze Arabes israéliens et un Palestinien installés en Israël avaient été tués par des tirs de la police lors de manifestations violentes de solidarité avec les Palestiniens, peu après le début de l’Intifada, à la fin du mois de septembre.
Dans un rapport rendu public en septembre 2003 après deux ans et demi de travaux, une commission étatique présidée par le juge Théodore Orr avait infligé un blâme sévère à la police, sans réclamer de poursuites judiciaires spécifiques. La commission avait lié les violences d’octobre 2000 à "l’incapacité des différents gouvernements israéliens à traiter de façon équitable la minorité arabe". Une minorité arabe comptant quelque 1,2 million de personnes vit en Israël (près de 19% de la population totale de l’Etat hébreu). Ils sont les descendants de 160.000 Palestiniens restés sur leurs terres après la création de l’Etat juif en 1948.
Israéliens de nationalité mais Palestiniens de coeur, ils souffrent de discriminations qu’ils ne cessent de dénoncer.
• Majeda El Batsh (AFP)