Le Sommet du G8 a été amorcé à Sea Island, aux Etats-Unis, par une radioscopie de l’économie mondiale, marquée par une flambée sans précédent du prix du pétrole. Le tour de table, constitué des dirigeants de l’Allemagne, la France, le Canada, les Etats-Unis, l’Italie, le Japon, le Royaume-Uni et la Russie, a également fait un tour d’horizon des diverses questions se rapportant aux projets de partenariat avec les pays du Sud.
Le Sommet de Sea Island s’attardera également sur l’initiative du «Grand Moyen-Orient», un projet américain de remodelage du Moyen-Orient, du Maroc à l’Afghanistan. Une série de réformes économiques et politiques, touchant aux pays en question, renfermés dans un projet aussi opaque qu’inquiétant.
Le projet, sur lequel l’Europe émit bien des réserves, mais qui est cher à l’Administration américaine, réunira, à la même table, les dirigeants des huit pays les plus industrialisés et leurs homologues musulmans issus de Turquie, d’Algérie, d’Afghanistan, du Yémen, de la Jordanie et du Bahreïn. Une invitation qui aurait été déclinée en signe de protestation par l’Égypte, l’Arabie saoudite et la Tunisie, qui assure la présidence de la Ligue Arabe.
En effet, il est à souligner que l’Égypte et l’Arabie saoudite constituent un front commun contre le projet américain, d’où leur refus d’en discuter au Sommet du G8. Les deux pays jugent qu’ils sont dans le collimateur des géniteurs dudit projet, s’opposant à des réformes venant de l’extérieur. Une façon de dire que les Arabes doivent rester maîtres de leur destin.
En effet, le Caire et Riyad n’ont cessé, depuis le mois de février, de dénoncer le projet du «Grand Moyen-Orient», récusant ce qu’ils qualifient «d’ordonnance de l’étranger», sans pour autant «refouler les réformes démocratiques intérieures, chacun à son rythme et ses besoins».
Le moins que l’on puisse dire, c’est que le fameux projet américain est voué à l’échec, les pays concernés appréhendant les risques de déstabilisation encourus par une précipitation de réformes. Le président égyptien, Hosni Moubarak, estime qu’un tel projet ne ferait que «paver la voie aux islamistes et conforter l’image que se fait l’Occident de la culture islamique, une culture d’extrémisme et de violence».
Le conflit israélo-palestinien, ainsi que l’Irak, devaient également être à l’ordre du jour à Sea Island, sur fond de l’adoption d’une résolution, mardi soir, au Conseil de sécurité de l’ONU. Une adoption à l’unanimité que la France considère comme un retour à la souveraineté. « Le texte de la résolution marque désormais nettement le retour à la souveraineté de l’Irak», avait indiqué Catherine Colonna, porte-parole de l’Elysée. Il est par ailleurs à souligner que Paris envisage d’acquitter l’Irak de sa dette à hauteur de 50%.