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Les universités minées par un conflit sans précédent

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Les universités françaises traversent une crise sans précédent, marquée par des grèves et un long conflit de trois mois, qui met en péril l’organisation des examens dans certaines facultés, le gouvernement refusant l’octroi de diplômes dévalorisés. «C’est pire qu’en mai 1968!», la grande révolte étudiante avec ses grèves, ses manifestations et ses barricades, observait mardi l’universitaire Jean-Robert Pitte cité par le quotidien Le Figaro. «On parle souvent en ironisant des diplômes délivrés en 1968 mais, cette année-là, il y avait eu cours jusqu’en mai», confirme le professeur d’économie Michel Godet. Depuis le 3 février, les campus français sont agités par un conflit contre la réforme du statut des enseignants-chercheurs et de la formation des enseignants. Le conflit s’est propagé pour la première fois à des organisations traditionnellement non revendicatives mais a été suivi de manière inégale à travers le pays. Une vingtaine d’universités sur 83 restent perturbées.
Face à la montée de la contestation, le gouvernement a amendé ses projets sans parvenir à convaincre la Coordination nationale des universités (CNU) qui regroupe des enseignants, des étudiants et des administratifs et qui vient d’appeler «à ne pas organiser la tenue des examens» jusqu’au retrait des réformes. L’appel ne fait cependant pas l’unanimité. Le célèbre généticien Axel Kahn, président de l’université Paris-V Descartes, l’a qualifié d«irresponsable» et «choquant». Il s’est dit opposé à la validation automatique du deuxième semestre, suggérée par certains, et a mis en garde contre la dévaluation des diplômes en cas d’examens simplifiés. «C’est à la fois un drame humain et social pour notre pays, et c’est un fiasco pour l’image de la France à l’étranger», regrette Michel Godet.
La France compte plus de 200.000 étudiants étrangers sur environ 1.360.000 inscrits dans ses universités.
Concurrencées par un système parallèle élitiste de «grandes écoles», les universités françaises font pâle figure dans le classement mondial de Shanghaï centré sur la recherche. En 2008, seules trois d’entre elles figuraient dans le «top 100», et la première en 42e position. C’est pour ne pas laisser cette image se détériorer davantage que la ministre de l’Enseignement supérieur Valérie Pécresse a exclu la validation automatique de l’année qui implique une délivrance de diplômes ou le passage en année supérieure sans l’épreuve des examens. La perspective ne semble même pas séduire les étudiants. Selon un sondage publié lundi, seuls 4% d’entre eux souhaitent une validation automatique du second semestre. «Je ne veux pas de ce cadeau. Je préfère rattraper les cours et être évaluée sur la base des connaissances acquises», a déclaré à l’AFP, Imène, 19 ans, étudiante à Paris en 1ère année de Langues étrangères. Après trois mois d’un mouvement marquée par des arrêts de cours, des blocages, le refus de siéger dans les jurys ou la rétention des notes de la part des enseignants, la poursuite de l’année universitaire est devenue un enjeu politique. Le parti UMP (au pouvoir) a demandé, lundi, que les auteurs des «entraves» au fonctionnement des universités soient «poursuivis».
Le dirigeant centriste François Bayrou a estimé que «beaucoup d’universités sont en train de se décomposer» et qu «il est de la responsabilité de l’Etat d’offrir une issue».
Ancien ministre de l’Education nationale, le socialiste Jack Lang reproche au gouvernement «tant de maladresses, de fautes et d’erreurs» dans ce dossier. Il lui demande «une mesure choc» comme le changement d’équipe ministérielle.

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