La situation au Libéria paraît plutôt urgente. Depuis plusieurs jours, les combats entre rebelles et forces loyalistes se sont concentrés dans une capitale asphyxiée par une arrivée massive de réfugiés complètement démunis. Et pourtant, l’administration américaine continue de réfléchir à la nécessité d’une intervention internationale placée sous son commandement. A l’origine de la création du Libéria – peuplé par leurs anciens esclaves au XXème siècle –, les Etats-Unis ont un lien et une responsabilité historiques avec cet Etat ouest-africain où se succèdent les conflits depuis près de deux décennies. Le dernier en date a débuté en 1999 contre le président Charles Taylor, lui-même ex-chef de guerre, dont les LURD réclament le départ. Forts du contrôle qu’ils exercent sur plus de la moitié du territoire, ces rebelles et ceux du MODEL, apparus en mai, ont multiplié les offensives depuis un mois au point d’atteindre Monrovia. Isolé, sous le coup d’une inculpation pour crimes de guerre en Sierra Leone voisine, le président Taylor refuse pourtant de partir. Un second cessez-le-feu entre les deux camps a bien été décrété vendredi, mais la situation reste à tous les égards, y compris humanitaire, inquiétante. Prenant exemple sur l’intervention sous commandement français en cours en RDCongo, l’ONU, l’Union européenne et l’instance ouest-africaine de la CEDEAO ont mis les Etats-Unis devant leurs responsabilités. Particulièrement réticents, ceux-ci disent étudier l’idée avec sérieux tout en se bornant à réclamer le départ de Charles Taylor. Le Liberia n’est certes ni l’Irak ni l’Afghanistan… En attendant, à Monrovia, privée d’eau et d’électricité, des milliers de réfugiés affamés et affaiblis continuent d’appeler à l’aide.