L’ex-Premier ministre renversé de Thaïlande Thaksin Shinawatra a annoncé, lundi 11 août, qu’il resterait en exil en Grande-Bretagne et qu’il ne retournerait pas dans son pays pour répondre à des accusations de corruption, en raison d’interférences politiques dans le système judiciaire. «Mon épouse et moi-même séjournerons en Angleterre où la démocratie est considérée comme plus importante», a déclaré Thaksin, puissant homme d’affaires de 59 ans qui a gouverné la Thaïlande de 2001 à 2006 avant d’être chassé du pouvoir par des généraux royalistes. «Ce qui est arrivé à ma famille, à mes proches et à moi-même est le résultat d’efforts visant à me faire abandonner la politique», a ajouté l’ancien Premier ministre dans une déclaration écrite à la main. Thaksin et son épouse Pojaman, qui étaient ce week-end à Pékin pour l’ouverture des Jeux Olympiques, ne se sont pas présentés lundi à une convocation de la Cour suprême à Bangkok, renforçant les spéculations sur une décision d’exil alors que s’intensifient des procédures judiciaires contre le couple pour diverses affaires de corruption.
L’ex-Premier ministre, renversé par un putsch en septembre 2006 au moment où il participait à l’Assemblée générale des Nations unies, s’était alors réfugié en Grande-Bretagne où il possède une maison et où il a racheté en juillet 2007 le club de football de Manchester City. Thaksin et son épouse étaient revenus depuis en Thaïlande mais ils font l’objet d’une bonne dizaine d’enquêtes ou de procédures judiciaires pour fraude, abus de pouvoir et corruption.
Depuis le début, «ma famille et moi avons été traités injustement par un système qui a perdu sa neutralité», a-t-il dit en s’inquiétant aussi pour sa « sécurité ». Le 31 juillet, Pojaman Shinawatra a été condamnée à trois ans de prison pour évasion fiscale mais a été libérée sous caution dans l’attente de l’examen d’un appel. M. Thaksin a dénoncé lundi «des interférences dans le processus judiciaire par des personnes qui me voient comme leur ennemi politique». Des alliés du Premier ministre déchu sont revenus au pouvoir en février à la faveur d’élections démocratiques, mais certains généraux et des juges de Bangkok continuent d’exercer de fortes pressions sur le camp de M. Thaksin, originaire de Chang Mai (nord de la Thaïlande).
• Thanaporn Promyamyai (AFP)