À deux semaines de la passation des pouvoirs civils au gouvernement irakien, la situation en Irak est loin d’être stable ce qui risque de remettre en question le calendrier de ladite transition. La multiplication des attentats à la bombe ainsi que les séquestrations des ressortissants étrangers deviennent de plus en plus fréquents et ne respectent plus aucun critère de sélection des cibles.
Hier, un nouvel attentat-suicide à la voiture piégée contre un convoi de la coalition à Bagdad a fait au moins 13 morts, parmi lesquels cinq ressortissants étrangers dont un Français et deux Britanniques. Il s’agit du deuxième en 24 heures seulement à Bagdad.
Lors d’une conférence de presse tenue quelques heures après l’attentat, le nouveau Premier ministre irakien, Iyad Allaoui, a affirmé que ceux qui perpètrent ces actes « tentent d’empêcher le transfert de pouvoir et de souveraineté » à l’autorité irakienne. Il a précisé que cinq expatriés figuraient parmi les personnes tuées dans cet attentat qui a ébranlé Bagdad à l’heure de pointe. Il a en outre précisé que trois autres étrangers ont été légèrement blessés. Selon les déclarations officielles, l’attentat a été perpétré par un kamikaze qui a fait exploser sa voiture, un véhicule tout-terrain rouge, au passage d’un convoi de trois voitures civiles de l’autorité de l’occupation américaine près de la place « Attahrir », une rue très fréquentée de Bagdad.
L’explosion a été aussi forte qu’elle a détruit partiellement un immeuble proche. Cinq occupants de l’un des véhicules visés ont été tués dans l’explosion, selon la police irakienne qui a affirmé que ces victimes ont été immédiatement transportées à l’intérieur de la « zone verte », secteur hautement sécurisé où se trouve le quartier général de l’administration américaine en Irak alors que d’autres victimes ont été transférées dans deux hôpitaux de la capitale irakienne. Des sources hospitalières ont affirmé que le nombre des victimes mortelles était de huit alors que les blessés sont de plusieurs dizaines dont un grand nombre souffrant de brûlures et de membres arrachés par le souffle de l’explosion.
Rappelons que, dimanche, un attentat pareil avait visé une base américaine de Bagdad, faisant une douzaine de morts parmi les citoyens irakiens alors qu’un haut responsable de la nouvelle autorité irakienne, Kamal Al Djarrah, directeur général du ministère de l’Education, avait été assassiné à sa sortie de son domicile.
S’agissant de la position américaine, Washington continue d’affirmer que la date prévue pour le transfert de la souveraineté aux Irakiens, à savoir le 30 juin, est maintenue et explique la multiplication des attentats par l’approche de cette date. « Cela va être une période dangereuse et ces meurtriers doivent être mis hors d’état de nuire », a déclaré le secrétaire d’Etat américain, Colin Powell, dimanche, à la presse. La même explication a été avancée par la conseillère à la sécurité du président américain, Condoleezza Rice, conseillère qui a estimé que « ces attentats visaient à ébranler la volonté du nouveau gouvernement intérimaire ». Par ailleurs, les autorités de l’occupation américaine continuent à libérer des prisonniers irakiens incarcérés dans la fameuse prison d’Abou Ghraïb dans une tentative de soigner leur image après l’éclatement du scandale des tortures pratiquées contre des détenus par des soldats et des agents des services d’intelligence américains. Washington a ainsi annoncé son intention de libérer plus de 6 000 détenus. Une opération qui s’étalera sur quelques mois et qui a commencé hier avec la libération de 585 personnes. Une action qui n’améliorera certainement pas l’image des Etats-Unis chez le citoyen irakien comme l’espère l’administration américaine.