Loin de montrer un signe de conciliation, les dirigeants iraniens ont répété presque chaque jour cette semaine que Téhéran n’entendait "pas reculer d’un iota" sur son programme, comme l’a affirmé mercredi le président Mahmoud Ahmadinejad.
Ces déclarations ont été assorties de menaces de représailles sévères à une éventuelle attaque américaine contre l’Iran, comme en a averti mercredi encore le guide suprême l’ayatollah Ali Khamenei.
A Washington, le porte-parole de la Maison Blanche Scott McClellan a dénoncé dans la foulée un "régime qui continue à défier la communauté internationale" et "à s’isoler du reste du monde par ses déclarations, ses menaces et ses actions".
Dans le même temps, la Chambre des représentants américaine a voté un projet de loi visant à "faire rendre compte à l’Iran de son attitude menaçante et à soutenir une transition démocratique".
Dans ce contexte la Chine a appelé au calme jeudi, estimant que la crise nucléaire iranienne se trouvait à un "moment crucial".
Pékin a espéré que "toutes les parties concernées garderont leur calme, feront preuve de modération et créeront les conditions favorables pour résoudre correctement la question", a dit le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Qin Gang lors d’un point de presse.
Mais du côté de Téhéran les éventuels partisans d’un compromis, ou tout au moins de discussions sur le sujet, sont particulièrement discrets.
L’ancien ambassadeur d’Iran à Paris, Sadegh Karazi, a fait exception à la règle jeudi, en prônant un dialogue direct avec les Etats-Unis, dans une interview publiée par plusieurs journaux iraniens.
"Nous avons beaucoup de sujets (communs) avec les Américains à propos de l’Irak, de l’Afghanistan et du Proche Orient, en plus de cela nous devons discuter avec les Etats-Unis à propos du nucléaire", a déclaré l’ex-ambassadeur.
"Je suis de ceux qui ont été favorable dès le début à des négociations avec les Etats-Unis et j’en ai payé le prix", a dit le diplomate, rappelé à Téhéran à l’automne après l’arrivée au pouvoir en août dernier du président ultraconservateur Mahmoud Ahmadinejad.
Washington et Téhéran n’ont plus de contact direct depuis la révolution islamique de 1979.
Le Conseil de sécurité des Nations-Unies a demandé à l’Iran de notamment suspendre d’ici au 28 avril son enrichissement d’uranium.
Le directeur de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), Mohamed ElBaradei doit remettre au Conseil et à l’exécutif de l’Agence un rapport indiquant si Téhéran s’est plié à cette demande.
Selon des diplomates, ce rapport devrait conclure que Téhéran n’a pas obtempéré aux injonctions de l’Onu, qui reprenait les demandes de l’AIEA.
"Il est difficile d’imaginer que le directeur général (de l’AIEA) puisse publier un rapport positif vendredi", avait notamment estimé l’ambassadeur américain auprès de l’AIEA, Gregory Schulte, mardi à Berlin.
Le vice-président iranien, Gholamreza Aghazadeh, qui est aussi le chef de l’Organisation iranienne de l’énergie atomique, a eu mercredi à Vienne des entretiens avec M. ElBaradei, ainsi qu’avec le directeur des accords de sauvegarde de l’Agence, le Finlandais Olli Heinonen.
La demande du Conseil n’est pas assortie de menace de sanctions, mais les Etats-Unis ont indiqué qu’ils chercheraient à en obtenir, avec l’appui de la France et de la Grande-Bretagne, si l’Iran ne pliait pas.
Les cinq Grands (Chine, Etats-Unis, France, Grande-Bretagne, Russie), avec l’Allemagne, ont prévu d’organiser le 2 mai à Paris une réunion sur la crise pour étudier les suites à donner à un éventuel refus de Téhéran de suivre al demande du Conseil.