Les Nations Unies ont déroulé hier le tapis rouge pour quelque 170 participants au sommet qui marque le 60è anniversaire de l’Organisation mondiale.
Une centaine de chefs d’Etat étaient au rendez-vous dont l’Américain George W. Bush, le Russe Vladimir Poutine, le Chinois Hu Jintao, et près de 50 chefs de gouvernement dont le Britannique Tony Blair et le Français Dominique de Villepin ont participé à ce sommet de trois jours.
Un sommet qui devrait en principe donner une nouvelle impulsion à l’Onu dans la lutte contre la pauvreté ou la défense de l’environnement et rendre l’Organisation plus efficace dans son combat contre le terrorisme et la prolifération des armes de destruction massive.
De grandes ambitions qui n’ont pas tardé à disparaître au bas-fond d’un océan de discord. Même si les 191 Etats membres de l’Onu sont parvenus in extremis à un accord de compromis, ils n’ont toutefois pas réussi à se mettre d’accord sur les points chauds qui devaient être à l’ordre du sommet. À savoir la prolifération nucléaire, la définition du terrorisme que demandaient les pays occidentaux, la levée des barrières douanières, comme le souhaitaient plusieurs pays en développement et l’augmentation de l’aide au développement.
Concernant le volet de l’aide au développement, le quotidien britannique «The Guardian» juge que ce sont les pays pauvres et spécialement le continent africain qui sont les grands perdants dans cette affaire.
L’autre grande déception concerne la question de terrorisme. Si le document condamne le terrorisme, "sous toutes ses formes", les négociateurs ont renoncé, sous la pression de plusieurs pays, au passage dénonçant les attaques contre les civils en échange d’un abandon de la référence aux guerres de libération.
S’agissant du dossier de désarmement, Kofi Annan qui s’est montré avant le sommet très ambitieux, voire trop, s’est dit déçu. Il déplore le fait que les Etats membres n’aient pas pu trouver un terrain d’entente pour ce qui est de la non-prolifération et le désarmement.
«La non-prolifération et le désarmement sont les grands absents (de cette déclaration). C’est une honte», a-t-il regretté en exhortant les dirigeants mondiaux à se ressaisir de ces sujets lors des jours qui viennent. Il a toutefois jugé que l’accord intervenu mardi constituait "un grand pas en avant".
Le président de l’Assemblée générale de l’Onu, Jan Eliasson, a estimé que cet échec est tout à fait compréhensible. Pour lui les Nations Unies sont à l’image du monde. Elles ne peuvent aller au-delà de ce que ses membres souhaitent.
«Cependant, je crois que cette très ambitieuse proposition de réformes constitue un pas très important sur la voie de la réforme des Nations Unies», a-t-il ajouté. Face à ce nouvel échec, l’éditorialiste du quotidien français «Libération» s’est demandé à quoi sert cette organisation. À pas grand-chose qui vaille, poursuit-t-il. «Bush, qu’on soupçonne non sans raison de vouloir la saborder. Et d’autres qui d’ailleurs se font la même piètre idée de lui de l’utilité de l’organisation trouvent que ça sert au moins à embêter Bush », ironise-t-il. Pour le Figaro, le problème vient du «conservatisme» qui règne sur l’organisation. « Si la réforme du Conseil de sécurité n’a pas lieu, c’est que les Etats ont une seule obsession : éviter que leur rival ou leurs rivaux soient admis dans le club des "grands",» estime le journal.