Le nouvel homme fort de Nouakchott, Ely Ould Mohamed Vall, a déclaré que la page du passé est «complétement» tournée. Des mots proférés le 10 août 2005, au moment même où le président sénégalais, Abdoulaye Wade, entouré de quelques ministres et de ses conseillers militaires, recevait au nom du président de l’Union africaine, le Nigérian Olusegun Obansanjo, les membres de l’opposition mauritanienne en exil.
Durant trois heures, les discussions ont tourné autour de la manière de rétablir les institutions libres dans le pays. La rencontre avait pour but de «renouer le fil du dialogue entre les oppositions mauritaniennes », a confirmé à l’AFP, une source proche de la présidence sénégalaise. Notons qu’auparavant, le président Wade a longuement reçu l’ambassadeur de Mauritanie à Dakar. Il est en contact avec la junte », a ajouté cette source.
Dans ce conglomérat de l’opposition mauritanienne en exil reçue par le président Wade, il y avait les Cavaliers du Changement (CC) mouvement de militaires auteurs de la tentative de putsch du 8 juin 2003, les Forces de libération africaines de Mauritanie (FLAM), mouvements en exil depuis la publication en 1986 du «manifeste du négro-africain opprimé », et de petits groupuscules nés dernièrement avec le durcissement du régime Ould Taya. Cas du Parti de la Convergence démocratique (PCD) de l’Alliance patriotique (AP) et Conscience et Résistance (CR). Une kyrielle d’organisations qui ont exclu le retour au pouvoir du Colonel Ould Taya et prêtent à intégrer le projet de transition démocratique entamé le 3 août 2005. Signe des temps, la rencontre a eu droit à quelques minutes à la Télévision sénégalaise.
Un lieutenant de vaisseau, entouré par les 12 membres de la délégation mauritanienne, du ministre d’Etat aux Affaires étrangères du Sénégal, et du représentant de l’Union africaine, a explosé les conclusions provisoires de la réunion. La même délégation de l’opposition mauritanienne a été reçue par le Premier ministre sénégalais, Maky Sall.
Ces différentes rencontres suscitent des avis partagés à Nouakchott, entre ceux qui y voient un signe d’ouverture du nouveau régime et d’autres, «des groupes d’intérêt dont les relations organiques avec les Services de sécurité de l’ère Ould Taya survivent au coup d’Etat du 3 août », selon le communiqué de l’organisation «Conscience et Résistance » s’y opposent.
En tout, cas à Dakar, lors de la conférence de presse ayant suivi la réunion, les propos de Mohamed Ould Cheikhna étaient clairs : «Nous annonçons une renonciation, sans ambiguïté, à la lutte armée et à l’usage de la force comme mode de règlement des contradictions", a déclaré à la presse ce commandant, président des Cavaliers du Changement au nom de la "Coalition des forces patriotiques mauritaniennes". Ce qui n’a pas empêché le porte-parole de Conscience et Résistance, Abel Nasser Ould Yessa, de formuler quelques critiques : « Nous sommes en désaccord avec la composition du gouvernement formé (le 10 août) par Sidi Mohamed Ould Boubacar, qui est pour nous un gouvernement de continuité" comprenant plusieurs proches du parti de l’ancien président Ould Taya, a-t-il expliqué à l’AFP. La coalition patriotique s’est accordée pour défendre un programme de transition prévoyant un référendum constitutionnel dans les six mois et la mise en place d’un Conseil national de la Concorde, préalable aux élections générales prévues dans les douze mois.
Déclaration importante, la coalition s’est dit déterminée à voir les Mauritaniens déportés, réfugiés et exilés, bénéficier immédiatement d’un retour organisé dans tous leurs droits et a demandé une amnistie pour les victimes de condamnations arbitraires sous l’ancien régime.