Le président algérien Abdelaziz Bouteflika a entamé le week-end dernier sa troisième semaine d’hospitalisation à l’hôpital de Val-de-Grâce en France.
En Algérie, les rares indications données par les autorités sur un simple «examen approfondi» du président à l’hôpital militaire du Val-de-Grâce, puis un bulletin de santé précisant lundi dernier qu’il avait été opéré d’un «ulcère hémorragique au niveau de l’estomac», suivi de l’annonce d’une «stricte» convalescence, ont suscité beaucoup d’interrogations. Si le président algérien était en convalescence alors pour combien de temps?
«Le doute s’installe,» écrit le journal El Watan. «Les Algériens ne savent pas quand le président de la République, hospitalisé à Paris depuis le 26 novembre dernier, va rentrer au pays. Personne, au niveau supérieur de l’Etat ne semble prêt à les en informer», poursuit le quotidien.
Invité au «Grand Jury» de la radio RTL et de la chaîne de télévision LCI, Philippe Douste-Blazy, ministre français des Affaires étrangères, n’a fait qu’alimenter le doute qui plane sur la «mystérieuse maladie» du président algérien. «Le secret médical empêche de dire comment va le président Bouteflika», a déclaré M. Douste-Blazy.
Interrogé pour savoir si le président algérien quitterait bientôt l’hôpital militaire du Val-de-Grâce, où il se trouve depuis le samedi 26 novembre, le ministre français a répondu qu’il «l’espérait». «Mais je ne peux pas vous dire ce qu’a M.Bouteflika», a souligné M.Douste-Blazy. «Evidemment, ces nouvelles sont données à sa famille et à ses proches», a-t-il précisé.
«Intox et manip des médias français», a titré hier en Une le quotidien algérien «L’expression». Le journal a écrit que «cette presse qui suggère que le président Bouteflika serait gravement malade est la même qui avait fait l’impasse sur des informations concernant les maladies de Pompidou et Mitterrand».
«Après les quotidiens Le Monde et Le Figaro, c’est la chaîne de télévision TF1 qui monte en épingle l’hospitalisation du chef de l’Etat pour semer le doute au sein de l’opinion algérienne quant à la version officielle donnée par les autorités centrales sur l’état de santé du président de la République», poursuit le journal.
«Même si l’information médicale dans une structure hospitalière comme le Val-de-Grâce est protégée par le double secret médical et militaire. Il n’en fallait pas plus à la presse écrite et audiovisuelle française pour s’engouffrer dans la brèche et multiplier les articles et autres reportages aussi alarmants les uns que les autres», tonne «L’expression».
Le quotidien Libération avait, pour sa part, fait état d’un «état très préoccupant» du chef de l’Etat, en évoquant une appréciation «nettement moins optimiste à Paris» que celle affichée à Alger, «même si les dirigeants français se refusent à la moindre confidence».
Le manque d’informations précises sur l’état de santé de Bouteflika continue ainsi à semer le doute. Un retour à la case de départ. Tout est désormais possible, surtout après les déclarations du ministre français des affaires étrangères. Actuellement, aucune hypothèse ne peut être écartée. Bouteflika souffre-t-il réellement d’un ulcère d’estomac ? ou bien serait-il souffrant d’une maladie encore plus grave, tel qu’un cancer ? La porte des spéculations n’est guère scellée. Au contraire, elle est grande ouverte. «Maladie de président, les Algériens veulent être rassurés : est-ce que c’est contagieux ?», ironise Dilem, caricaturiste du journal «Liberté».
Loin de l’humour noir du caricaturiste Dilem, les Algériens veulent effectivement être rassurés, non pas de l’état de santé du président, mais plutôt de l’ère après-Bouteflika…