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Marine Le Pen accuse Sarkozy de chanter en play-back

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à la veille de ces vacances estivales, la scène politique française se compose en quatre actes. Un président de la République qui accélère à fond sur le levier sécurité au point de lier délinquance et immigration. Une droite qui se tâte de savoir si cette dérive droitière de son champion ne pourrait pas la sortir de ses gonds républicains. Une gauche qui se cherche un projet sécuritaire, alternative pour effacer à jamais la malédiction de son «angélisme» en la matière. Et une extrême droite en la personne de la famille Le Pen (père et fille) Marine et Jean-Marie, qui se pourlèchent les babines devant le précieux cadeau que leur offre le président de la République en validant l’ensemble de leur démarche et de leurs thèses sur l’immigration. Cela d’ailleurs se sent dans les intonations des voix de Jean-Marie et Marine Le Pen quand ils sont invités à commenter le récent virage sécuritaire de Nicolas Sarkozy. Avant la sortie du président de la République sur la déchéance des criminels d’origine étrangère de leur nationalité comme sanction envisageable, la famille Le Pen était certes en renaissance progressive, mais traversait une longue phase de convalescence, éreintée par deux problèmes majeurs : les bisbilles de la succession du vieux Jean-Marie et les soucis financiers d’un parti qui avait été arrêté net dans son ascension et qui avait cumulé les déboires électoraux. Avant, ils murmuraient presque leurs doléances à tel point que même sur un sujet aussi porteur pour leurs thèses que l’interdiction de la burqa, ils n’avaient pas réussi à faire la différence dans le brouhaha politique qui condamnait ou s’indignait. Aujourd’hui, le ton des Le Pen est martial, mû par une profonde croyance qu’arrivera bientôt un jour où «les Français préféreront l’original à la copie», selon l’adage maintes fois répété de leur tribu. Sans le savoir et c’est grave ou tout en ayant conscience de la portée de sa démarche, et c’est encore pire, le président de la République vient de rendre un énorme service à l’extrême droite en annonçant sa volonté d’institutionnaliser son approche sur l’immigration, bouc émissaire de tous les maux de la société française. Marine Le Pen a tout de suite compris l’intérêt à souligner cette opération main basse du président de la République sur les thèses du Front National. Elle l’a accusé de «chanter en play-back depuis 2007». Année durant laquelle, par une formule qui allie culot, magie et imposture, il avait réussi à siphonner l’électorat du Front National. Marine Le Pen profite donc de ce vent porteur de son ascension en provenance de l’Elysée. Elle était, depuis un certain temps, déjà devenue une star très recherchée des médias qui lui accordent sans complexe de larges espaces de communication. Quand son père sentait la naphtaline de Vichy qu’il nourrissait volontairement au fur et à mesure de calembours douteux, elle s’échine à redorer le blason du Front, à lui retrouver une nouvelle respectabilité, à le rendre plus fréquentable. L’opération était difficile, sinueuse mais pas impossible. Marine Le Pen doit être redevable à Nicolas Sarkozy de lui avoir facilité l’ascension en deux temps. Le premier en organisant un débat sur l’identité nationale transformé en débat sur l’immigration, animé par Eric Besson avec la maestria que l’on sait. Le second en liant immigration et délinquance.

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