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Nucléaire : La Corée défie les États-Unis

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Une mission de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) est arrivée à Séou, dimanche, dans le cadre d’une enquête sur les expérimentations nucléaires secrètes du pays. C’est que la Corée du Sud vient de reconnaître que ses scientifiques s’intéressent sérieusement à l’extraction du plutonium et de l’uranium enrichi. Or ces deux éléments peuvent être utilisés dans la fabrication des armes nucléaires.
C’est la seconde visite d’une délégation de l’agence onusienne dans le pays, depuis le début du mois, bien que Séoul eût démenti toute volonté de s’investir dans la fabrication des armes nucléaires. Autrement dit, il ne s’agit, en fait, que d’expériences de laboratoire à des fins de recherche; le pays ne cherchait pas à se doter de l’arme atomique. Quatre membres de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) doivent rester une semaine avec au programme des inspections de deux centres nucléaires et des entretiens avec des scientifiques sud-coréens.
Cependant, en dépit des quantités infimes de matériaux fissiles produits, l’affaire a nui aux efforts multinationaux pour persuader la Corée du Nord de renoncer à ses propres ambitions atomiques et la persuader d’abandonner son programme d’armement nucléaire. D’ailleurs Pyongyang n’a pas raté cette occasion pour observer, samedi, que Washington ignorait les activités nucléaires de ses alliés, tout en mettant une «politique hostile» à son égard, selon l’agence KCNA. L’Amérique avait en effet assuré que les expériences nucléaires menées secrètement, dans le passé, par la Corée du Sud n’avaient pas un caractère militaire, à la différence de celles de la Corée du Nord. Du coup, la réaction nord-coréenne ne s’est pas fait attendre. «Les expériences nucléaires clandestines de la Corée du Sud tendent à prouver que la politique américaine de deux poids deux mesures est un facteur fondamental de la prolifération nucléaire», est-il écrit dans une dépêche de l’agence KCNA reçue à Séoul et rapportée par l’AFP. Un rebondissement qui compromettra certainement une nouvelle session de négociations multilatérales prévue avant la fin du mois, à Pékin. « Il est évident qu’on ne pourra pas discuter de la reprise des pourparlers (entre Etats-Unis, Russie, Chine, Japon, Corée du Nord et Corée du Sud), tant que les Etats-Unis n’auront pas abandonné leur politique hostile fondée sur le deux poids deux mesures vis-à-vis de la RDPC (Corée du Nord)». «Cette dernière ne pourra jamais démanteler ses forces de dissuasion nucléaire», a ajouté l’agence KCNA. Les observateurs en déduisent que Pyongyang, qui était soumis à des pressions internationale a exploité l’affaire pour justifier son propre programme nucléaire. Non seulement la Corée du Nord ne compte nullement arrêter son programme mais en plus, elle compte ne plus s’asseoir à une table de négociations.
Un porte-parole nord-coréen des Affaires étrangères, cité par l’AFP, avait déclaré, samedi, que Pyongyang «ne pourrait jamais s’asseoir à une table de négociations sur son programme d’armes nucléaires à moins que la vérité soit faite sur les expériences nucléaires secrètes de la Corée du Sud».
Les mêmes observateurs ont signalé qu’il ne faudrait pas compter sur un comportement comme celui de la Libye de la part de Pyongyang. Durcissement de position ? Hausse des enchères ? Personne ne peut répondre pour le moment. Toujours est-il que la Chine a déjà admis que les chances d’une quatrième série de pourparlers avant la fin septembre s’amenuisaient et le vice-ministre russe des Affaires étrangères Alexandre Alexeïev a confirmé la semaine dernière que la Corée du Nord n’était pas prête à reprendre les négociations avant fin septembre. Les pourparlers à six sur le nucléaire nord-coréen sont destinés à trouver une issue à la crise ouverte en octobre 2002 lorsque les Etats-Unis ont accusé Pyongyang de mettre en oeuvre un programme d’armement nucléaire s’appuyant sur de l’uranium enrichi et violant ainsi un accord bilatéral de 1994. Il est à rappeler que la Corée du Nord réclame des compensations immédiates, économiques notamment, avant tout geste d’apaisement, tandis que les Etats-Unis exigent un démantèlement complet et vérifiable des installations nucléaires nord-coréennes.

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