Par un vote, dans la nuit de mardi à mercredi, le Conseil de sécurité de L’ONU a fait figurer pour la première fois la mention «Etat palestinien» dans sa résolution 1397. Présentée par les Etats-Unis et adoptée par 14 voix pour et une abstention – celle de la Syrie – elle déclare l’ONU «attachée à la vision d’une région dans laquelle deux Etats, Israël et la Palestine, vivent côte à côte, à l’intérieur de frontières reconnues et sûres». Un texte qui fait figure d’«initiative pour capturer un consensus assez large sur ce que doit être le processus d’un règlement au Proche-Orient», selon John Negroponte, ambassadeur des Etats-Unis à l’ONU. Ce dernier a ajouté que la mention d’un Etat palestinien ne constituait pas un changement de la politique de Washington, George W. Bush ayant lui-même parlé de son existence.
Accueillie de façon globalement favorable, cette résolution a tout de même été soumise à des conditions, notamment chez les principaux intéressés eux-mêmes. « Un cessez-le-feu est impossible tant que les Israéliens occupent Ramallah et déploient des tireurs d’élite sur le toit des bâtiments pour tuer des civils dans les rues », a ainsi souligné le ministre palestinien de l’information, Yasser Abed Rabbo.
Dans l’ensemble, l’Autorité palestinienne s’est tout de même félicitée de ce vote. « Cette résolution est importante et témoigne pour la première fois d’une unanimité au sein du Conseil de Sécurité sur l’établissement d’un Etat palestinien », a déclaré le conseiller du président Yasser Arafat, Nabil Abou Roudeina. « La résolution est un pas dans la bonne direction », a pour sa part souligné Saëb Erakat, principal négociateur palestinien. De son côté, Nafez Azzam, responsable du Jihad Islamique, a déclaré que « cette résolution pourrait constituer une évolution (…) mais il faut qu’elle comporte une clause mentionnant ouvertement les massacres commis contre les Palestiniens et un appel clair à l’arrêt immédiat de l’agression » israélienne. Au coeur de cette agression, l’occupation de Ramallah par Tsahal a d’ailleurs entraîné un débat houleux mercredi au sein du mini cabinet israélien.
Lors de cette réunion, le ministre de la défense Ben Eliezer a brandi la menace d’un retrait des travaillistes du gouvernement si l’opération militaire en cours à Ramallah, proposée par Ariel Sharon, était reconduite. Ce qui a été le cas…
Yasser Arafat a d’ailleurs qualifié la politique de Sharon de « tactique stupide » (entretien dans le quotidien français Le Figaro)… Cette « pure brutalité » laisse par ailleurs caduques les propos du chef de la diplomatie israélienne, Shimon Peres en faveur d’un arrêt des violences. « Israël accueille favorablement les efforts déployés par les Etats-unis pour inclure dans la résolution du Conseil de Sécurité un chapitre appelant à l’arrêt immédiat du terrorisme et aux incitations à la violence », a-t-il affirmé. « Israël a la volonté de parvenir à un cessez-le-feu immédiat et à une accalmie », a-t-il poursuivi. L’américain Anthony Zinni doit pour sa part entamer ce jeudi une tournée au Proche-Orient avec pour délicate mission, l’obtention de l’arrêt des violences qui ont fait 37 morts ce seul mardi.