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Pakistan : La levée de l’état d’urgence ne devrait pas apaiser la crise

Pour bon nombre d’analystes, la restauration de la Constitution, suspendue le temps de l’état d’urgence, ne permettra pas de lever les restrictions pesant sur les médias, audiovisuels essentiellement, car la presse écrite n’en n’a quasiment pas souffert et est demeurée très critique. Et elle ne permettra surtout pas de restaurer dans leurs fonctions les juges évincés au sommet de l’ordre judiciaire par le président Musharraf dont la Cour suprême risquait de déclarer illégale la réélection du 6 octobre pour un second mandat. En fait, politologues et observateurs étrangers sont unanimes : la levée de cette loi d’exception, réclamée par la communauté internationale et l’opposition, aura un impact très faible sur le déroulement du processus électoral tel qu’il a été redessiné dès le 3 novembre, le jour du décret de l’état d’urgence. La levée de la loi d’exception n’est qu’un «exercice de relations publiques» qui permettra aux pays occidentaux de se sentir plus à l’aise dans leur soutien à M. Musharraf et au processus électoral, même si de nombreuses voix s’élèvent pour dire qu’il ne sera pas «libre et équitable», estime Hasan Askari, politologue et ancien président de la faculté de sciences politiques à l’Université du Pendjab.
«L’exercice consistera simplement à montrer aux Occidentaux que la Constitution a été restaurée et que Musharraf fait ce pas supplémentaire vers la démocratie dont il parle sans cesse», résume M. Askari. M. Musharraf avait invoqué pour justifier l’état d’urgence, d’une part la menace terroriste (les islamistes proches d’Al Qaïda ont multiplié les attentats meurtriers dans tout le pays et progressent militairement dans le nord-ouest) et l’immixtion des juges dans les prérogatives de l’exécutif selon lui. En fait, la Cour suprême devait se prononcer sur son éligibilité, il a évincé les juges récalcitrants dès le lendemain de l’état d’urgence et la nouvelle Cour a validé par la suite sa réélection. Or les 37 juges destitués ne seront jamais réintégrés, a promis le gouvernement. Certains demeurent même en détention dans leurs résidences. Parallèlement, l’organe de régulation des médias audiovisuels a réitéré cette semaine que les émissions politiques en direct étaient interdites, comme les interventions de téléspectateurs au téléphone. Et les journalistes risquent d’être toujours soumis à une étrange interdiction de «diffamer» le président, le gouvernement et l’armée, sans que la définition de la diffamation soit clairement énoncée. Si les juges évincés ne sont pas rétablis et si la censure des médias ne cesse pas, la levée de l’état d’urgence sera vide d’effets, analyse Rasul Baksh Raïs, politologue à l’université de Lahore.

Rana Jawad (AFP)

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