La Cour suprême du Pakistan, complètement remaniée sous l’état d’urgence, a rejeté jeudi un ultime recours de l’opposition, ouvrant la voie à la proclamation officielle du deuxième mandat du chef de l’Etat, le général Pervez Musharraf, en tant que «président en civil» cette fois.
Dès que la Commission électorale aura annoncé officiellement la victoire de M. Musharraf à la présidentielle du 6 octobre dernier, ce qui n’est qu’une formalité, la cérémonie d’investiture pourra avoir lieu, probablement ce week-end, selon l’entourage du président.
Auparavant, ce dernier aura sans doute démissionné de son poste de chef des armées, ce qu’il a promis de faire à de nombreuses reprises, mais dès qu’il serait officiellement réélu.
Il aura cédé en cela aux intenses pressions de la communauté internationale, en particulier de Washington, qui souhaitait un «retour à la démocratie» avec un «président en civil», mais pas complètement à celles de l’opposition, qui réclame toujours la levée de l’état d’urgence décrété par M. Musharraf il y a près de trois semaines, afin de garantir que les législatives annoncées pour le 8 janvier seront réellement «libres et équitables».
Cependant, toujours divisée, l’opposition ne parvient pas à se fédérer derrière la menace d’un boycottage du scrutin, deux de ses principaux piliers devant en décider dans la journée : l’alliance des principaux partis islamistes et, surtout, l’ex-Premier Benazir Bhutto, qui hésite après avoir longtemps tenté de négocier un accord de partage du pouvoir avec le général Musharraf.
Le dernier recours contre le scrutin du 6 octobre «est rejeté», a annoncé à la mi-journée le nouveau président de la Cour suprême, le juge Abdul Hameed Dogar.
Depuis quelques jours, sous la pression essentiellement de Washington, dont il est l’allié-clé dans sa «guerre contre le terrorisme» et qui est son principal pourvoyeur de fonds, le général-président lâche du lest: Il a annoncé une date ferme pour les législatives, réitéré sa promesse de quitter l’uniforme et fait libérer, ces tout derniers jours, plus de 5.000 avocats, magistrats, membres d’organisation de défense des droits de l’Homme et de partis d’opposition arrêtés ou assignés à résidence en vertu de l’état d’urgence.
Mais il n’a pas cédé sur la levée de la loi d’exception, toujours réclamée par la Maison blanche, même si c’est de manière moins insistante depuis qu’elle loue ces derniers assouplissements. Or, l’opposition reste divisée sur la conduite à tenir, entre les partisans d’un boycottage des élections du 8 janvier et ceux qui souhaitent y participer.
Tous les yeux sont tournés notamment vers Mme Bhutto, dont le Parti du Peuple Pakistanais (PPP), le principal de l’opposition, doit se prononcer jeudi, tout comme l’alliance de six principaux partis islamistes représentés au Parlement, eux-mêmes se présentant en ordre dispersé sur la question.