Pervez Musharraf accède ainsi à l’une des exigences de la communauté internationale. Et les 160 millions d’habitants de la République islamique du Pakistan, la seule puissance nucléaire avérée du monde musulman, devraient entamer, du moins formellement, une période de démocratie «normale», où les fonctions de chef de l’Etat et de chef de l’armée ne sont pas occupées par le même homme. M. Musharraf a remis son bâton de commandant en chef de l’armée au cours d’une cérémonie en grande pompe au quartier général des forces armées, à Rawalpindi, la ville-garnison de la banlieue d’Islamabad, a constaté un journaliste de l’AFP. Il fait ainsi ses adieux à une institution qu’il a dirigée pendant près d’une décennie. «Je ne serai plus en uniforme demain», a-t-il déclaré à des centaines d’invités et de dignitaires, qu’il l’ont applaudi. Mais il a reconnu qu’il se sentait «un peu triste». «Après avoir porté l’uniforme pendant 46 ans, je dis au revoir à cette armée», a-t-il dit. «Cette armée, c’est ma vie, c’est ma passion. J’ai aimé cette armée», a-t-il proclamé. Le chef de l’Etat a donc abandonné formellement son uniforme de chef des armées et est remplacé à la tête de l’institution militaire par le général Ashfaq Kiyani, un fidèle parmi les fidèles.Ce dernier, âgé de 55 ans, avait été nommé le 8 octobre chef d’état-major adjoint des armées et ainsi désigné par le général Musharraf comme son successeur. M. Musharraf, qui doit prêter serment jeudi comme «président civil», avait entamé mardi une tournée d’adieux dans les casernes. Il était chef d’état-major des armées depuis le 7 octobre 1998, un an avant son coup d’Etat sans violences du 12 octobre 1999. En 2002, son putsch avait été légalisé par la justice et le Parlement nouvellement élu l’avait confirmé comme président après un référendum.
Aujourd’hui, dans un Pakistan en pleine crise politique, sous état d’urgence depuis le 3 novembre, le général Kiyani jouera sans nul doute un rôle de premier plan dans un pays qui a vécu la moitié de ses 60 années d’existence sous la férule de généraux putschistes. Mais la crise ne devrait pas être résolue pour autant. L’opposition, comme la communauté internationale, continuent de réclamer un «vrai retour à la démocratie» et exigent du président Musharraf qu’il lève l’état d’urgence avant les législatives du 8 janvier 2008.