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Palestine : L’effet Abou Mazen

© D.R

Aussitôt la victoire d’Abou Mazen assimilée, surtout après en avoir saisi la portée, le poids et les conséquences, les camps israélien et américain se sont retrouvés devant leurs responsabilités. Pour ne pas dire dans l’embarras. Il aura fallu à peine quelques heures pour qu’Ariel Sharon et George W. Bush changent de ton.
Celui que l’on surnomme « Le bulldozer » – beaucoup plus pour sa carrure de repu et ses actes destructeurs au fil de l’Histoire récente du Proche-Orient qu’autre chose – s’est tout d’un coup forgé une idylle pour les Palestiniens.
En effet, rapportant les propos d’Ariel Sharon sur les ondes de Radio Israël, l’agence Reuters a indiqué que le Premier ministre israélien avait l’intention de téléphoner, hier mardi, au président palestinien élu, Mahmoud Abbas, afin de lui souhaiter bonne chance et d’envisager une coopération.
«J’ai l’intention de m’entretenir aujourd’hui avec Mahmoud Abbas (…) pour lui souhaiter bonne chance et exprimer le souhait d’une coopération étroite entre Israël et les Palestiniens», a déclaré Sharon à ses ministres. «Je pense qu’une rencontre interviendra bientôt entre Abou Mazen et moi», a-t-il poursuivi en désignant Abbas par son surnom, tel que relayé par Reuters.
De l’autre côté de la planète, c’est un nouveau George W.Bush que l’on découvre et dont les propos, habituellement acerbes envers le peuple et l’Autorité palestiniens, sont subitement devenus mielleux. Le président américain s’est, en effet, dit prêt à recevoir le nouveau président palestinien Mahmoud Abbas à Washington, le désignant également par son surnom. Que d’intimité !
«J’offre mes félicitations à Abou Mazen. Je serais heureux de l’accueillir ici à Washington s’il décide de venir», avait indiqué, selon l’agence France-Presse, George W.Bush dans des déclarations à la presse, dans son bureau ovale de la Maison-Blanche. Lors d’un entretien téléphonique avec Mahmoud Abbas, le président américain aurait réitéré son invitation. Selon l’AFP qui cite la Maison-Blanche, Abou Mazen aurait déclaré qu’il serait heureux d’y répondre.
Ainsi, l’Administration républicaine laisse croire que, pour elle, la victoire de Mahmoud Abbas et l’arrivée d’une direction palestinienne considérée comme modérée est le premier pas dans la relance du processus de paix israélo-palestinien. Même lorsque le président américain déclare qu’il est «essentiel qu’Israël garde à l’esprit la vision de deux Etats vivant côte à côte en paix et que les Palestiniens commencent à développer les institutions d’un Etat et qu’Israël soutienne le développement de ces institutions», ses propos son à prendre avec des pincettes. Entre les déclarations de bonnes intentions et le passage à l’acte, l’Histoire a de tout temps prouvé que beaucoup en sont restés au « premier acte ».
Ce changement d’attitude, sincère ou simulé soit-il, reflète une sorte de prise de conscience quant aux enjeux de l’élection de Mahmoud Abbas à la tête de l’Autorité palestinienne. Ainsi, révolu le temps où cette dernière était qualifiée d’entité terroriste et son défunt ex-président, Yasser Arafat, accusé de soutenir en sous-main les actes de violence anti-israéliens. Aussi, l’arrogance avec laquelle l’Administration américaine avalisait les actes barbares israéliens contre le peuple de Palestine ne devrait plus, en principe, passer aussi facilement qu’auparavant. Cependant, il ne faut surtout pas se leurrer et prendre ce changement d’attitude pour argent comptant. En d’autres termes, il ne faut pas s’attendre à une réelle avancée de la résolution du conflit au Proche-Orient. Il serait utopiste, comme il est de l’avis de la majorité des observateurs, de franchir une quelconque étape que ce soit sur le dossier du Proche-Orient, tant que «le duo infernal» Sharon-Bush sera au pouvoir.
Les têtes pensantes qui sont à leur service trouveront bien, tôt ou tard, quelque chose à reprocher à la nouvelle Autorité palestinienne. À en juger par la dégradation vertigineuse enregistrée un peu partout dans le monde, depuis que leurs compétences leur permettent de prendre des décisions à répercussions planétaires, nourrir l’espoir de les voir accomplir un travail pour le bien de l’Humanité relève de la fiction. Aucun doute à se faire là-dessus.

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