Le Hamas, qui prône la lutte armée et la destruction de l’Etat juif, a affirmé avoir remporté la majorité des 132 sièges du Parlement lors des législatives de mercredi, auxquelles il participait pour la première fois.
Une source à la Commission électorale a confirmé à l’AFP la victoire du Hamas. "Le Hamas a devancé le Fatah, notamment dans les circonscriptions", a-t-elle indiqué, en faisant état de la fin du dépouillement des bulletins de vote. Les premiers résultats officiels sont attendus à 19H00 (17H00 GMT).
Le Premier ministre Ahmad Qoreë a concédé la défaite de son mouvement et annoncé qu’il présenterait sa démission. "Je vais présenter aujourd’hui (jeudi) ma démission au président Abou Mazen (Mahmoud Abbas) et le Hamas doit former le (nouveau) gouvernement", a-t-il dit.
D’autres responsables du Fatah, qui a dominé l’Autorité palestinienne pendant 10 ans, ont aussi admis leur défaite après avoir annoncé la veille leur victoire. Deux sondages sortie des urnes avaient aussi crédité le Fatah d’une légère avance sur le Hamas au Conseil législatif (CLP).
"Le Hamas a enregistré une victoire considérable. Les pays de la région et la communauté internationale doivent respecter le choix de notre peuple qui est le résultat de la démocratie", a déclaré à l’AFP à Gaza, Ismaël Haniyeh, un des principaux dirigeants du Hamas et chef de sa liste aux élections.
Selon le porte-parole du Hamas, Sami Abou Zouhri, la liste du mouvement "Changement et Réforme" a remporté "au moins" 43 sièges dans les circonscriptions et "plus de 50% des suffrages" au niveau des listes, soit un total d’au moins 75 sièges.
Sur les 132 députés du CLP, 66 sont en effet élus au scrutin majoritaire uninominal dans les circonscriptions et 66 autres à la proportionnelle par listes.
M. Haniyeh a affirmé que le Hamas avait remporté "au moins 46 sièges" dans les circonscriptions sans fournir de score au niveau des listes.
Interrogé sur une éventuelle entrée du Hamas au gouvernement si cette victoire se confirmait, il est resté vague, se bornant à parler de "partenariat politique".
"A la lumière de ces premiers résultats, nous procéderons à des consultations avec le président Abou Mazen (Mahmoud Abbas) et les frères au Fatah sur la forme du partenariat politique. Nous discuterons aussi avec les blocs parlementaires de la nature de ce partenariat ", a-t-il dit.
Une source au Hamas a déclaré à l’AFP qu’une décision sur la participation du mouvement au gouvernement devrait être prise "aujourd’hui ou demain" et qu’il y serait "probablement favorable".
Le Fatah dominait le CLP sortant élu en 1996 avec 62 sièges sur 88 ainsi que toutes les autres institutions et l’appareil sécuritaire de l’Autorité palestinienne depuis sa création en 1994 aux termes des accords d’Oslo conclus avec Israkl sur l’autonomie palestiniennes.
Le Hamas, responsables de dizaines d’attentats anti-israéliens meurtriers, n’a jamais reconnu cet accord.
En Israël, le Premier ministre par intérim Ehud Olmert a écarté d’avance mardi soir tout dialogue politique avec un gouvernement palestinien "comptant parmi ses membres le Hamas, une organisation terroriste qui appelle à la destruction d’Israël l".
Pour sa part, le président américain George W. Bush a indiqué qu’il refuserait de discuter avec le Hamas, considéré par les Etats-Unis comme un groupe terroriste, dans un entretien publié sur le site internet du Wall Street Journal. Auparavant, la Maison Blanche a qualifié les législatives de moment "historique" tout en soulignant son hostilité au Hamas.