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Parc Murdokh : Les «barons perchés»

Avant de pénétrer dans le parc, tout a l’air normal. Les tourterelles et autres espèces d’oiseaux s’expriment à volonté. A peine l’entrée franchie, (en fait il n’existe plus de siège grillagé et l’on peut entrer par n’importe quel recoin du parc), venant de la rue Madrid, que le spectacle s’avère désolant. Il n’en faudrait pas plus pour frôler la ruine. Les vieux arbres en piteux état, le gazon est parsemé de détritus et de centaines de canettes et de bouteilles vides, l’herbe est déterrée. Même le café ,à l’emplacement soi-disant bien choisi, a l’air sinistre. Entre les petites gazelles et le poste de police adossé au parc s’entasse une colline de déchets aux alentours regorgeant de cachettes invisibles au visiteur ordinaire. De quoi camoufler des dizaines de types avec leur matériel, leur paquetage et parfois leurs armes blanches. Un vieillard sur place, et qui a l’air de fréquenter quotidiennement les lieux, ne mâche pas ses mots : «Ce jardin fut un petit paradis dans le temps. Quand les services de la wilaya s’en chargeaient, l’entretien était exemplaire. Mais depuis que ce lieu est sous la responsabilité d’un étranger, peut-être sous contrat avec les autorités, les choses vont de mal en pis. Ils ont emmener de temps en temps recours à une main-d’oeuvre non qualifiée qui ignore le travail de jardinier, et voilà le résultat». Selon ce vieux casablancais, la police fait de temps en temps des ratissages, vidant ainsi les différents recoins. Cela ne dure que peu. Ce ne sont pas les sans-abri qui manquent. Et puis, ajoute le vieux, même la prison ne veut pas de ces énergumènes.
Au milieu du parc se trouvent de vieux arbres, qui abritaient autrefois les différentes espèces de volatiles. Aujourd’hui, des refuges pour les humains sont installés sur des branches. Bien perchés sur les arbres, les lits de fortune, composés de carton et attachés par des rubans, donnent l’impression de vrais refuges de la jungle.
Il ne manque que Tarzan et Jane et quelques singes pour croire qu’il s’agit réellement d’une partie de studios cinématographiques pour la réalisation d’un nouveau livre de la jungle. Et ce ne sont pas les Moogly qui manquent. Au chevet de certains arbres, les cendres de feux de bivouacs sont visibles à l’oeil nu. La preuve de l’existence d’une vie nocturne, car les maîtres des lieux s’absentent le long de la journée et ne rentrent que tard la nuit, quand «la jungle» devient libre. Un monde irréel. Et pourtant, les luxueux immeubles de résidence ne sont qu’à quelques mètres, de même qu’une grande clinique ultra-moderne.
Quelques centaines de mètres plus loin c’est le Méchouar !! Cela va sans parler que pendant la journée, hormis les quelques étudiants, des vagues de jeunes garçons affluent droit vers le gazon où ils effectuent des séances d’exercices de danse, faisant fi de la pelouse et des grillages qui la protègent. Cette situation a fini par décourager beaucoup de visiteurs aspirant au calme et à l’ombre des grands arbres du parc.
Dans notre monde moderne, exigeant et impérieux (il lui faut des logements, des routes, des usines, des infrastructures etc. ), de plus en plus nombreuses sont les voix qui s’élèvent criant à la nécessité de multiplier et de sauvegarder les espaces verts.
Notre pays ne fait pas l’exception, mais comment expliquer cette nonchalance à l’égard d’un monument comme le parc Murdokh ? Ce qui faisait autrefois la fierté du quartier 2 Mars s’est transformé de nos jours en un coin d’accueil tous azimuts, abandonné à une frauge de marginaux et de délinquants. La lie de Casablanca. Il est vrai que dans le luxe des appartements avoisinants, il faudrait un sérieux effort d’imagination pour se dire que des marginaux vivent haut perchés à quelques mètres à côté.
Toujours est-il que ce parc historique, qui a accompagné toutes les transformations et les changements qu’à connus la capitale économique, se meurt. Une remise à niveau ne demande pas vraiment trop d’engagements, encore moins un budget exorbitant. C’est la responsabilité de tous les intervenants, à commencer par le citoyen.
La situation actuelle du parc Murdokh vérifie l’adage qui dit que «les choses nécessaires sont toujours les plus désagréables».

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