Pèlerinage : des familles désespérées cherchent leurs disparus

En pleurs devant des photos de cadavres affichées sur un mur de la morgue de Mina, située à l’extérieur de la ville, des familles tentaient vendredi d’obtenir des informations sur leurs disparus.
"Oui maman, il est mort", s’écrie dans son téléphone mobile un homme en larmes. Non loin, une Indonésienne reconnaît sa soeur parmi les photographies et s’effondre.
Le drame, survenu au moment le plus périlleux du pèlerinage aux lieux saints de l’Islam, lorsque des dizaines de milliers de pèlerins se pressent pour lapider trois stèles censées représenter Satan, a fait 362 morts, dont une centaine d’Egyptiens, et 300 blessés, selon le directeur adjoint de la morgue al-Muaysem, Hussein Saleh Bahashwan.
"La plupart des tués sont égyptiens, africains, saoudiens et originaires de différents pays asiatiques", a ajouté Khaled Yassine, directeur des opérations d’évacuation au ministère de la Santé.
Parmi les morts, figurent également au moins 30 Pakistanais, sept Kurdes irakiens, quatre Chinois, au moins deux Indonésiens et une Française tandis que cinq Tunisiens ont été blessés, ont précisé des sources officielles dans ces différents pays.
Les autorités saoudiennes ont mis en cause l’indiscipline de certains pèlerins, effectuant le Hadj en dehors des circuits officiels, d’être à l’origine de la bousculade. Mais des témoins ont accusé la police d’avoir provoqué la catastrophe en bloquant soudainement les accès à un pont tandis que d’autres ont accusé des pèlerins paniqués s’interrogeant sur le bon moment pour commencer à lapider les stèles.
Le prince héritier Sultan ben Abdel Aziz a souligné, dans un entretien publié vendredi par le quotidien Asharq Al-Awsat, que le rituel de la lapidation, qui s’étale sur trois jours et constitue la dernière partie du pèlerinage, s’était déroulé sans problème les jours précédents.
"Mais" jeudi, "plus de 12 personnes transportant sur leur dos une importante quantité de bagages sont tombées les unes sur les autres lorsque la foule est devenue trop dense", a-t-il dit. Il a souligné l’interdiction faite à "nos frères pèlerins de porter des bagages ou des charges de travail sur leur dos pendant le rituel de la lapidation".
Jeudi, le ministre de la Santé Hamad ben Abdallah Al-Mane avait mis en cause certains pèlerins qui ne se "sont pas conformés aux règles" et un "problème de bagages".
Pour le porte-parole du ministère de l’Intérieur, Mansour Al-Turki, la catastrophe a également été causée "par la chute de bagages, qui a provoqué une bousculade à l’entré du pont Jamarat," où a lieu la lapidation.
Le pèlerinage a déjà été marqué par l’effondrement d’un hôtel vétuste dans le centre de la Mecque, le 6 janvier, dans lequel 76 personnes ont été tuées.
Près de 60.000 membres des services de sécurité, santé ou d’urgence avaient été mobilisés cette année pour accueillir quelque 2,5 millions de pèlerins et tenter d’éviter les accidents meurtriers qui endeuillent régulièrement le pèlerinage.
Plusieurs bousculades ont eu lieu pendant le pèlerinage autour de ces stèles, notamment en 1994 (270 morts), 1998 (118 morts) et 2004 (251 morts). En 1990, une bousculade dans un tunnel à Mina, due vraisemblablement à une panne du système de ventilation, avait fait 1.426 morts, la plupart asiatiques.