L’Irak a perdu sa dernière chance d’éviter la guerre. Bush a prononcé le week-end, en s’adressant aux Américains comme il le fait chaque semaine, la phrase fatidique annonçant la guerre à Saddam Hussein.
Imperturbablement, le Pentagone prépare sa frappe, faisant fi de la mission des inspecteurs en désarmement des Nations unies, des injonctions du Conseil de Sécurité et des mises en garde formulées par la communauté internationale. La guerre aura lieu dans quelques semaines. Les Etats-Unis mettent en place les pièces du dispositif. L’administration américaine est à pied d’oeuvre, depuis des mois, pour mettre en condition l’opinion publique internationale.
La guerre est devenue inévitable. Elle est programmée de longue date. Pour preuve le budget sans précédent consacré au Pentagone. Des sommes faramineuses qu’on vient d’augmenter encore une fois.
Les Etats-Unis veulent faire un exemple avec l’Irak. Ils veulent également modifier les équilibres internes du Proche-Orient. Ils déclarent ouvertement que leur but n’est pas seulement d’installer un régime démocratique à Bagdad, mais aussi faire de ce pays si riche la vitrine arabe de leur modèle, un nouvel eldorado d’après-guerre.
Le laisser-faire international contre ce conflit, la guerre est devenue dans beaucoup de bouches un banal sujet de conversation, a poussé l’administration Bush à ne plus admettre qu’on vienne lui dire ce qu’elle ne doit pas faire, ni à attirer son attention sur les menaces potentielles qu’elle fait peser sur l’humanité. Si Saddam Hussein possède réellement des armes de destruction massive, ne serait-il pas tenté de les utiliser dans un acte exprimant son désespoir devant tant d’adversité même les Arabes sont aux ordres, et devant l’imminence de la chute de son régime? Il pourrait adopter la stratégie de la terre brûlée et détruire lui-même ses champs de pétrole, ses infrastructures et gazer ses voisins en rejetant la responsabilité sur l’envahisseur. Il provoquerait ainsi une solidarité internationale à même d’isoler Washington. On ne peut, dans ces conditions, que s’étonner du silence du monde arabe qui semble encore une fois entièrement soumis aux desseins guerriers américains. La guerre avec l’Irak n’a pas encore commencé qu’on désigne déjà la prochaine cible, le prochain Etat voyou à abattre, la Corée du Nord. Une guerre va désormais chasser l’autre, jusqu’à l’avènement d’un nouvel ordre international.