Le secrétaire d’Etat américain a entamé le week-end une tournée en Palestine pour y favoriser la mise en œuvre de la «feuille de route» pour la paix au Proche-Orient à travers la création d’un Etat palestinien à l’horizon 2005. D’ici là de nombreuses questions stratégiques doivent être réglées. C’est le cas du statut d’Al Qods, du retrait des territoires occupés en 1967, du démantèlement des 145 colonies juives de Cisjordanie et de Gaza et du droit des réfugiés palestiniens de retrouver leurs foyers d’origine. Alors que Colin Powell défend la «feuille de route», les ténors américains de la ligne dure, Ronald Rumsfeld en tête, se veulent sceptiques quant aux chances d’aboutir d’un tel plan de paix. Les faucons et le complexe militaro-industriel penchent plutôt pour la guerre au Proche-Orient en continuant de pousser l’adversaire vers plus d’intransigeance et en formulant des exigences toujours renouvelées et demandant des concessions sans fin et sans limites. C’est une attitude qui apparemment donne des fruits puisque Yasser Arafat a tout concédé sauf sa personne, et encore puisqu’il se bat désormais désespérément pour garder son fauteuil de Président. Même l’Autorité palestinienne s’empresse de jeter du lest en signe de bonne volonté. Il y a cependant risque certain de forte perte de temps et de torpillage du processus, que Colin Powell veut mener à terme, si l’on doit attendre que Mahmoud Abbas désarme l’Intifada et neutralise les mouvements palestiniens les plus combatifs. Il est impératif que les Etats-Unis imposent à Ariel Sharon la reprise immédiate et inconditionnelle des négociations accompagnée du retrait israélien des territoires palestiniens réoccupés. Ce redémarrage diplomatique faciliterait d’ailleurs la tâche de Mahmoud Abbas chez lui, sur la scène palestinienne, et l’obtention de l’arrêt des opérations kamikazes. Le Premier ministre palestinien est décrit par les Israéliens comme pragmatique et ouvert au dialogue qui considère Ariel Sharon comme général israélien typique qui pourrait évoluer au gré des conjonctures. Mahmoud Abbas reconnaît le droit à l’existence d’Israël. Sa nomination à la tête du gouvernement palestinien est l’occasion d’aboutir à un accord historique, opportunité à ne pas manquer sinon Israël se retrouvera dans une confrontation avec les mouvements les plus radicaux au sein de la résistance palestinienne. Mais avant tout, il doit d’abord s’employer à améliorer le quotidien des Palestiniens. Dans cette quête, la seule personne qui puisse l’aider est Ariel Sharon.