La rivière Ouazzani est devenue source de conflit entre le Liban et Israël, depuis que Beyrouth a commencé le pompage de son eau pour approvisionner une dizaine de villages le long des lignes de cessez-le-feu. Il faut préciser que le Ouazzani coule au Liban, puis en Israël où il alimente le lac Tibériade, principale réserve d’eau douce de l’Etat hébreu.
Le contentieux est sérieux. Il est susceptible de dégénérer en conflit armé. Un casus belli, estime Ariel Sharon.
L’eau a toujours été source de tension dans cette partie du monde. Car, si la région regorge de pétrole, paradoxalement, l’eau fait gravement défaut, ses ressources étant très limitées au point d’aller acheter des milliards de mètres cubes chez le voisin turc.
Cependant, la levée de boucliers israélienne est totalement démesurée et arrogante. Car, le Liban ne cherche rien d’autre qu’à étancher la soif de ses habitants du Sud. Surtout que, à partir du plan onusien de répartition des eaux entre Israël, la Syrie et le Liban, ce dernier s’est vu allouer 35 millions de mètres cubes par an. Jusqu’à ce jour, le Liban n’en prélevait que sept, et, malgré ses nouvelles pompes, il va rester en-dessous du volume accordé, depuis 1955, par le plan des Nations unies. Même en fonctionnant jour et nuit, les pompes libanaises ne peuvent capter que 4 millions de mètres cubes par an. À l’évidence, Israël exploite cette affaire à des fins de provocation. Ariel Sharon, qui ne sait plus où donner de la tête, est de plus en plus dépassé. La sécurité se détériore en Israël malgré la répression féroce exercée sur le peuple palestinien. Il n’y a plus d’objectif si ce n’est celui de créer chaque jour davantage de foyers de tensions dans une sorte de fuite en avant.
L’establishment militaire et politique israélien, piloté par Sharon, a totalement échoué dans sa hâte de vouloir en découdre avec tout le monde. Les Palestiniens n’ont jamais été plus mobilisés et solidaires autour de leur président et leurs institutions. Même l’allié américain semble prendre ses distances de Sharon, avec l’espoir de sauvegarder ce qu’il reste de leur popularité dans cette partie du monde et avant que l’anti-américanisme ne devienne une réelle entrave à leurs intérêts.