L’Irak est-il essentiel aux Etats-Unis ? Sans nul doute, il l’est à plus d’un titre. Une présence américaine dans ce pays signifierait la mainmise sur d’énormes quantités de réserves pétrolières et la garantie d’un contrôle quasi totale de toute la région.
L’Irak est devenu l’exutoire des appétits pétroliers de Washington. George Bush, tout comme son vice-président sont avant tout des pétroliers. Ils réagissent comme tel dans l’affaire irakienne. Leur obsession, depuis qu’ils sont dans les affaires, consiste à prospecter de nouvelles régions pour les compagnies américaines.
Ces dernières, qui ont financé la campagne électorale de l’actuel résident de la Maison-Blanche, sont avides de nouvelles réserves pétrolières, surtout qu’ailleurs les puits sont sur le tarissement. Bush veut renvoyer l’ascenseur en leur ouvrant les champs pétroliers de l’Irak. Pour des raisons diamétralement opposées, la Russie et la France s’opposent à une frappe contre Bagdad. « Si les Etats-Unis veulent que la Russie se rapproche de leur point de vue, ils doivent nous donner de bonnes raisons économiques. Si nous n’avons aucun intérêt à défendre, pourquoi irions-nous nous embourber en Irak ? », c’est ainsi que Mikhael Khodorkovski, patron de la compagnie pétrolière russe Yokos, résume les convictions du Kremlin.
Les raisons de cette prise de position sont connues. Moscou est le premier partenaire de Bagdad dans le programme pétrole contre nourriture et une entreprise comme Yokos lorgne sur les gisements pétrolifères irakiens.
La dette irakienne à l’égard de la Russie, une ardoise héritée de l’ex-URSS, se chiffre à sept milliards de dollars. Saddam Hussein s’engage à payer dès la levée de l’embargo et des sanctions internationales.
C’est une autre raison qui pousse la Russie à freiner les élans bellicistes américains dans cette région. Le risque aujourd’hui est de voir l’administration Bush, hyperpuissance chargé de facto du maintien de l’ordre dans le monde, traiter les crises internationales du troisième millénaire avec des méthodes héritées du vingtième siècle et de la guerre froide. C’est une approche très dangereuse. Ce qu’il faut aujourd’hui, c’est changer de logique, non pas en agressant, mais en s’attaquant aux causes des conflits. Au Moyen-Orient, à l’origine de tous les drames, il y a Israël. Il est le corps étranger qui gangrène l’ensemble de la région.