Plus d’un milliard de Musulmans ont entamé cette semaine le jeûne du mois de Ramadan. Ce rituel chargé de sacralité intervient cette année dans une conjoncture internationale lourde de menaces et à un moment où les croyants sont la cible d’attaques qui amalgament terrorisme et Islam, depuis les attentats du 11 septembre. Même en Arabie Saoudite, berceau de l’Islam, l’ambiance est à la sinistrose et l’humeur des croyants est au plus bas, suite aux attaques américaines répétées qui n’épargnent plus personne, même pas la famille gouvernante, sous l’effet conjugué des manipulations des lobbies juifs et de la surenchère des marchands d’armement américains décidés à faire la guerre à l’Irak. Ce pays entame ce neuvième mois du calendrier musulman dans une ambiance pleine d’incertitudes, après 12 mois d’isolement et de boycott qui ont acculé la population au rationnement, malgré des potentialités économiques exceptionnelles.
Le peuple palestinien souffre lui aussi des pires privations depuis des années à cause d’une répression féroce entretenue par Israël et encouragé tacitement, pour ne pas dire directement, par les Etats-Unis. On le voit bien, les Arabes musulmans entament un mois de jeûne sous le signe de l’amertume et avec le ressentiment d’une profonde injustice. Cet état d’âme général est palpable dans toutes les villes, jusqu’aux recoins les plus isolés du monde arabe.
La nouveauté nous est servie cette année par un pays musulman doté d’un État laïc. Il s’agit de la Turquie qui vient d’élire une majorité gouvernementale dirigée par un parti islamiste. La suspicion semble la règle en Occident pour apprécier cette évolution somme toute naturelle et dans l’ordre de tout jeu démocratique.
Cette attitude est devenue la règle pour rendre compte de l’Islam au travers de certains médias occidentaux. L’analyse n’évolue pratiquement pas. À chaque affaire qu’on lie à l’Islam, le discours n’informe que rarement et désinforme le plus souvent. Après, la chute du communisme, la menace ne vient plus du Bloc des pays de l’Est. Le péril rouge a vite été remplacé par le péril vert. Dans le discours qui dénigre l’Islam, un vocable est particulière galvaudé, le «Jihad». Ce mot est utilisé à toutes les sauces pour dénigrer l’Islam et les Musulmans.