En France, le quotidien populaire France Soir est pour le moment le seul à publier les 12 caricatures du Prophète avec en titre de Une "Oui, on a le droit de caricaturer Dieu".
L’éditorial précise qu’"il n’y a dans les dessins incriminés aucune intention raciste, aucune volonté de dénigrement d’une communauté en tant que telle".
En Espagne, le quotidien national ABC (droite) et le quotidien catalan El Periodico (gauche) ont reproduit les dessins satiriques.
El Periodico assortit la publication d’un commentaire: "Il est logique que les caricatures irritent certains musulmans. Mais il n’est pas logique que, au nom d’une lecture littérale et inhumaine du Coran, on essaie d’éliminer aussi à l’étranger les critiques ou qu’on menace ceux qui (…) exercent la satire".
La presse britannique n’a pas publié les caricatures.
En Italie, "La Stampa" illustre un article factuel sur le sujet avec un des dessins les plus polémiques, montrant le Prophète coiffé d’un turban en forme de bombe à la mèche allumée. Toutefois, le journal n’invoque pas la liberté d’expression. Il Messaggero se contente d’un article, sans caricature.
En revanche, le quotidien à plus fort tirage d’Italie, Il Corriere della Sera, a publié deux dessins lundi, dont celui du Prophète accueillant des kamikazes au paradis en déplorant une rupture de stock des jeunes vierges.
Ils sont assortis d’une longue chronique de Magdi Allam, éditorialiste musulman, qui juge les caricatures "certainement discutables", mais n’en défend pas moins la liberté d’expression. "Qu’attend l’Occident pour intervenir? Adoptera-t-il la politique de l’autruche jusqu’à ce qu’un autre Theo van Gogh soit assassiné (Ndlr cinéaste néerlandais assassiné en novembre 2004 par un islamiste maroco-néerlandais), à Copenhague ou à Oslo?", demande-t-il.
En Suisse, le quotidien populaire Blick a publié mardi deux des dessins incriminés et La Tribune de Genève compte publier les caricatures dans son édition de jeudi, afin, selon le rédacteur en chef du quotidien, "d’alimenter le débat en montrant l’objet du délit".
"Cette affaire est une illustration du choc entre une culture très sécularisée comme la nôtre et une autre culture où la religion est centrale", explique Dominique von Burg. "On peut comprendre les sentiments des musulmans, mais nous sommes dans un Etat pluraliste, on a le droit de faire ça".
Aux Pays-Bas, De Volkskrant (progressiste), De Telegraaf (populaire), NRC Handelsblad publient un ou plusieurs dessins ou la reproduction de la page incriminée de Jyllands-Posten.
Les autres journaux ont opté pour des photos de manifestants devant les ambassades danoises ou des dessins de leurs propres caricaturistes.
A Prague, le quotidien tchèque Dnes publie une petite reproduction des caricatures pour accompagner un article sur le sujet.
En Hongrie, le sujet est évoqué mais sans illustrations.
En Allemagne, le quotidien Die Welt (conservateur) est le seul grand journal à reproduire en Une une des caricatures danoises (Mohamed coiffé d’un turban en forme de bombe), avec un article sur l’affaire des dessins de Jyllands-Posten. Quatre autres dessins sont publiés en pages intérieures.
Dans son éditorial, le journal écrit: "On prendrait les protestations musulmanes plus au sérieux si elles étaient moins hypocrites. Quand la télévision syrienne a diffusé en prime-time des drames documentaires montrant des rabbins en cannibales, les imams se sont tus", écrit Die Welt.