Malgré le refus de six pays, une majorité d’Etats de l’Union européenne (UE) se préparaient lundi à reconnaître l’indépendance du Kosovo, tout en tendant la main à la Serbie en colère. Ce choix, au lendemain de la proclamation historique d’indépendance, sera laissé à chacun des 27 pays membres, l’UE n’ayant pas compétence à reconnaître au nom du bloc. Les quatre «grands» pays – France, Grande-Bretagne, Allemagne et Italie – qui ont été en pointe des efforts pour régler le statut du territoire, devraient être parmi les premiers à franchir le pas, espérant entraîner le plus grand nombre d’Etats dans leur sillage. Le Français Bernard Kouchner n’a guère fait de doutes sur les intentions de Paris, soulignant «qu’ il n’y avait pas d’autre solution sinon l’affrontement perpétuel». Il a dans le même temps tendu la main à Belgrade en soulignant que l’indépendance était une « bonne nouvelle » pour les Serbes aussi. Le chef du gouvernement italien Romano Prodi a estimé que la Serbie «ne devait pas se sentir abandonnée par l’Europe».
Six pays ont dit clairement qu’ils n’étaient pas prêts dans l’immédiat à reconnaître ce nouveau micro-Etat issu de l’ex-Yougoslavie: Chypre, confrontée au séparatisme de Chypre Nord, l’Espagne à la souveraineté contestée au pays Basque et en Catalogne, mais aussi, dans une moindre mesure, la Grèce, la Slovaquie, la Roumanie et la Bulgarie.
«L’Espagne ne va pas reconnaître l’indépendance du Kosovo», a dit dès son arrivée à Bruxelles le ministre espagnol Miguel-Angel Moratinos.
L’Europe et les Etats-Unis, principaux soutiens du Kosovo indépendant, doivent faire face à l’opposition toujours catégorique de la Russie, qui continue à brandir des menaces après le « précédent » constitué par la scission de la province serbe.
Après le nouveau constat de désaccord dimanche au conseil de sécurité de l’ONU, la Russie, visiblement mécontente de la neutralité du secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon, lui a demandé de « définir clairement sa position » sur le Kosovo. La résolution 1244, adoptée en juin 1999 à la fin de la guerre entre les troupes serbes et la guérilla indépendantiste kosovare albanaise, donnait mandat à l’ONU pour administrer le territoire avec l’aide de l’Otan, sans se prononcer sur le statut futur de la province.