L’histoire commence par une information livrée par un groupe d’exilés irakiens à Londres affirmant que Saddam Hussein était capable de déployer des armes chimiques et biologiques dans un délai de 45 minutes.
Cette révélation, actuellement sujette à un grand débat, avait été insérée dans le dossier que le gouvernement britannique avait présenté en septembre 2002 pour justifier l’entrée en guerre en Irak.
Toutefois, Nick Theros, représentant à Washington de Iyad Allaoui, qui dirigeait le Iraqi National Accord (INA), affirme d’une part, qu’il s’agit d’une information à l’état brut provenant d’une seule source, transmise au milieu d’un tas d’autres par l’INA aux services secrets britanniques. « Nous l’avions transmise de bonne foi. Il appartenait aux services secrets de la vérifier », a déclaré M. Theros. Et d’autre part, que l’officier irakien à l’origine de cette information n’a, en fait, jamais vu des caisses contenant de prétendues armes chimiques. Depuis, cette information qui a servi notamment à convaincre l’opinion publique du choix d’implication de l’Angleterre dans la guerre américaine à l’Irak, est traitée de «fausse», de «mensonge»…
Ce qui implique de nombreuses conséquences. D’un côté, la controverse affecte l’image du gouvernement de M. Blair auprès de l’opinion nationale, et de l’autre côté, elle profite aux démocrates qui se préparent à affronter le président républicain George W. Bush lors de la présidentielle de novembre.
« La question ouverte est : combien en avaient-ils s’ils en avaient, et s’ils en avaient, où sont-elle passées ? Et s’ils n’en avaient pas, pourquoi cela n’a-t-il pas été su auparavant? », a estimé pour sa part Colin Powell. Cette déclaration représentent une brèche aux ténors démocrates, qui demandent à l’Administration Bush de rendre des comptes sur ces prétendues armes. Mais, elle ne semble pas secouer les convictions de certains notamment le vice-président américain Dick Cheney qui continue de défendre le bien-fondé de l’invasion de l’Irak. Il en est de même pour le porte-parole de la présidence américaine Scott McClellan qui affirme que « La décision de renverser Saddam Hussein était la bonne. Il représentait une menace dangereuse et grandissante et le président (Bush) a pris la bonne décision en le renversant » en ajoutant que le travail des inspecteurs n’était pas terminé.
Ainsi, le président américain et le Premier ministre britannique Tony Blair se retrouvent dans une position délicate. M. Blair doit en plus faire face à « l’affaire Kelly » du nom d’un scientifique du ministère britannique de la Défense qui avait affirmé en mai dernier à un journaliste de la BBC que la menace des ADM irakiennes était exagérée. David Kelly s’était suicidé après la publication de ses révélations. Ainsi, d’illustres témoins se succéderont, au cours des deux mois à venir, devant une chambre de la Cour royale de justice au centre de Londres sur convocation du juge Brian Hutton en charge du dossier Kelly qui doit rendre son rapport sur cette affaire qui devrait décortiquer les erreurs du gouvernement de Tony Blair, des services de renseignement, de la BBC et de David Kelly.