Dans un entretien publié lundi par le quotidien Asharq Al-Awsat, l’ancien Premier ministre russe souligne que l’initiative du Prince Abdallah «dévoile l’un des plus importants thèmes de la propagande israélienne qui est que les Arabes veulent rayer l’Etat juif de la carte».
Primakov s’est également dit convaincu que la Russie approuvera l’initiative saoudienne et que celle-ci, qui requiert un peu de temps, finira par réussir. « Le Premier ministre israélien Ariel Sharon a conduit son pays dans une impasse et il ne semble pas qu’il puisse rester à son poste », a-t-il poursuivi, ajoutant que le départ de Sharon « ouvrirait de nouvelles perspectives à la paix ». L’ancien Premier ministre russe a en outre prévenu que toute tentative visant à mettre Yasser Arafat « hors-jeu » ou à l’encercler aurait des conséquences négatives. Dans cette optique, il a affirmé que le président palestinien est « le seul qui puisse encore convaincre son peuple d’accepter la pilule amère qu’il doit avaler dans sa quête pour la paix ». Dans une interview au New York Times, le Prince héritier saoudien avait affirmé avoir préparé un discours pour la réunion de la Ligue Arabe les 27 et 28 mars à Beyrouth dans lequel il aurait proposé « un retrait total (d’Israël) de tous les territoires occupés, en accord avec les résolutions de l’ONU, y compris à Al-Qods, contre une pleine normalisation de nos relations ». Il a toutefois souligné avoir changé d’avis après la politique d’oppression d’Ariel Sharon contre les Palestiniens, sans cependant exclure une relance de cette proposition.
Cette proposition a été favorablement accueillie en Israël, où à gauche comme à droite, elle a suscité un vif intérêt chez les responsables gouvernementaux et des dirigeants de partis.
Selon Shimon Peres, le ministre des Affaires étrangères, « ces propos sont nouveaux, intéressants et passionnants, et méritent d’être étudiés ». Même Ariel Sharon « cherche à nouer des contacts avec les responsables saoudiens pour connaître le détail des propositions du Prince héritier et expliquer la position d’Israël », indiquent des proches du Premier ministre israélien, cités par la radio publique israélienne. Le « Haaretz » croit même savoir que Sharon a indiqué à son cabinet dimanche avoir « fait plusieurs démarches » en direction des Saoudiens.
«Le plan saoudien est d’autant plus intéressant qu’il envisage des rectifications de frontière qui permettraient de résoudre le problème des colonies juives» dans les territoires occupés, a, de son côté déclaré au «Maariv» un proche du Premier ministre israélien cité sous condition d’anonymat. Même intérêt de la part du ministre travailliste de la Défense Binyamin Ben Eliezer. « S’il s’agit d’un nouveau processus qui peut changer le Proche-Orient, nous ne pouvons pas dire « non ». Nous devons d’abord dire « oui » et accepter d’écouter », a-t-il affirmé. Yaïr Peretz, chef du groupe parlementaire du parti orthodoxe Shass, incontournable avec ses 17 élus, applaudit ouvertement à l’initiative, estimant « extrêmement important que les Saoudiens parlent publiquement de normalisation et même de « paix chaude » avec Israël ». Henry Siegman, ex-président du congrès juif américain, qui devait rencontrer lundi Yasser Arafat, estime que « les Saoudiens ne pensent pas que le gouvernement de Sharon puisse accepter leur plan, mais espèrent insuffler l’espoir au sein de l’opinion israélienne qu’une issue diplomatique est possible avec les Palestiniens ».