Le président du conseil de l’ordre des avocats, Carlos Canicers, a assuré que nombre de ces avocats n’avaient pas jusqu’à une date très récente osé dire à leurs familles qu’ils défendaient des suspects du 11 mars, dont certains devront répondre de 191 assassinats.
"Ce sont des martyrs de l’Etat de droit et certains ont peur que cette affaire cause leur ruine" professionnelle, a-t-il dit à des journalistes, dont une correspondante de l’AFP.
De fait, ces avocats, au nombre d’une centaine environ, ont instamment demandé aux chroniqueurs judiciaires de ne pas les identifier nommément et refusent presque tous de commenter l’affaire avec eux, contrairement à l’usage.
Le malaise voire la peur de certains de se voir mêlés à l’affaire du 11 mars est devenue manifeste dans la période récente, alors que l’instruction touche à son terme et que les inculpations devant déboucher sur le procès semblent imminentes.
"Il faut une grande conviction démocratique pour défendre ce dossier", a dit Carlos Canicers, qui a salué ces avocats comme "l’incarnation de la figure du défenseur". "Il leur faut beaucoup de courage et la société doit les voir comme des héros", a-t-il assuré.
Le juge Juan del Olmo, qui mène l’instruction, pourrait inculper une quarantaine des 113 personnes actuellement mises en cause dans l’enquête, selon des sources judiciaires.
Le procès devrait durer environ un an et pourrait débuter fin 2006.
Revendiqués au nom d’Al Qaëda, les attentats contre des trains de banlieue de Madrid, avec 191 morts et 1.900 blessés, constituent la pire tragédie terroriste vécue par l’Espagne, qui endure les attentats de l’ETA depuis près de 40 ans.