Rejoignant les voix qui se sont multipliées pour condamner la dernière opération meurtrière de l’armée israélienne, la Ligue arabe a estimé dimanche que la seule solution était d’assurer la protection des Palestiniens. «Le raid israélien barbare sur le camp de réfugiés de Bureij vendredi, qui a fait dix tués, dont deux fonctionnaires de l’UNRWA (l’agence de l’ONU pour l’aide aux réfugiés de Palestine), a transformé l’Aïd al-Fitr en funérailles collectives », a déclaré Hicham Youssef, porte-parole du secrétaire général de la Ligue arabe, Amr Moussa. «Ces pratiques israéliennes agressives montrent que la seule solution est que la communauté internationale assure une protection internationale immédiate au peuple palestinien», a-t-il ajouté dans un communiqué. «Il est temps que l’occupation israélienne réalise que ses pratiques ne mèneront pas à l’arrêt de la résistance et qu’il ne sera possible de faire régner le calme que par un retour au processus politique, sur la base du sérieux et d’engagements réciproques», y poursuivait M. Youssef.
Depuis le raid mené vendredi dans le camp de Boureij – et qui a fait 19 blessés en plus des dix morts -, Israël a une nouvelle fois essuyé de larges critiques, fait qui – comme d’habitude – n’a été suivi d’aucune disposition concrète. L’Autorité palestinienne avait dès vendredi dénoncé le «massacre» et appelé les membres du Quartette – les Etats-Unis, l’ONU, la Russie et l’Union européenne – «à agir d’urgence pour obtenir un arrêt des crimes et horreurs commis par Israël et assurer la protection du peuple palestinien ». Les premiers interpellés ont simplement rétorqué samedi que les Israéliens devaient « être conscients des conséquences de leurs actions ». Même si, pour reprendre les propos du porte-parole du département d’Etat américain, Richard Boucher, l’Etat hébreu « a le droit de se défendre ». Constatant qu’une nouvelle fois des civils faisaient partie des victimes, le secrétaire général de l’ONU, Kofi Annan, s’est quant à lui déclaré « profondément troublé » et a condamné, tout comme l’Union européenne, l’usage «excessif» et «disproportionné» de la force par Tel-Aviv. «Consterné» l’était aussi le Haut représentant de l’UE pour la politique extérieure, Javier Solana, tandis que le porte-parole du Quai d’Orsay appelait dans le même temps le Quartette à déboucher sur des «résultats concrets », lors de sa prochaine réunion prévue le 20 décembre à Washington.
Reste que les autorités israéliennes ne semblent pas disposées à arrêter ces expéditions punitives et aveugles. Elles ont même souligné samedi que six des tués étaient des activistes et ont justifié leur raid par l’existence de «nombreuses alertes sur des attentats terroristes palestiniens». Si deux membres des Brigades Ezzedine al-Qassam, et quatre militants militants du Hamas figurent parmi les victimes de Boureij, un homme et une femme employés de l’UNRWA ont aussi été tués. Des enfants ont également été blessés lorsque la quarantaine de chars et de transports de troupes, appuyés par des hélicoptères de combat, sont entrés tôt vendredi dans ce camp d’environ 30.000 habitant. L’armée y a très vite ouvert le feu à la mitrailleuse, provoquant des échanges de tirs avec des Palestiniens, démoli deux maisons et arrêté quatre hommes. Un onzième Palestinien, membre du Jihad islamique, a par la suite été tué près de Jénine, dans le nord de la Cisjordanie.