Les opérations d’évacuation forcée des colons juifs de la bande de Gaza qui n’avaient pas quitté leurs habitations dans le délai imparti ont débuté mercredi au milieu de scènes d’hystérie. «Les forces de l’armée et de la police ont commencé à pénétrer à Neve Dekalim. Nous sommes à un stade où le désengagement doit être appliqué», a affirmé à l’AFP un porte-parole militaire. « Ces forces sont là-bas pour appliquer la loi sur le désengagement », a-t-il ajouté. Des soldats et des policiers sans armes ont commencé dans la matinée à évacuer Neve Dekalim, "capitale" des colons, ainsi que les implantations de Morag, Ganei Tal, Bedolah et Tel Katifa, dans le bloc de Goush Katif.
À Neve Dekalim, principale colonie du territoire, des soldats ont rencontré une vive résistance des colons et des ultra-nationalistes venus leur prêter main-forte. Dans cette "capitale", des colons de la bande de Gaza, les opposants au retrait, ont entamé une dernière tentative afin de bloquer le processus qui a atteint sa phase finale. Pour assurer le bon déroulement des opérations, des gardes-frontières s’étaient mobilisés le long de la rue principale.
Pendant ce temps, des militantes portant des vêtements oranges, couleur du Goush Katif, bloc de colonies du sud de la bande de Gaza, leur criaient: "Battez-vous contre le terrorisme", "Honte à vous". Des échauffourées ont éclaté entre soldats d’un côté, colons et jeunes activistes de l’autre. La police rapporte qu’une femme a été arrêtée pour avoir poignardé un soldat, légèrement blessé.
Une autre Israélienne a tenté de s’immoler par le feu devant un poste de police de la bande de Gaza. Brûlée à 60%, elle a été hospitalisée.
Bien que de nombreux habitants de Neve Dekalim soient partis volontairement, des centaines de militants juifs anti-retrait s’étaient infiltrés sur place menaçant de semer le trouble. Ces extrémistes avaient réussi de pénétrer dans ce secteur malgré que les autorités israéliennes le décrètent zone militaire interdite d’accès depuis plusieurs semaines. « Nous attendons 10.000 policiers et soldats à tout moment », a affirmé à l’AFP le commandant de police Avi Zelba qui se trouvait dans la colonie de Neve Dekalim. M.Zelba a indiqué que le traitement réservé par la police à ces militants serait différent de celui des habitants de l’implantation. « Nous traiterons différemment les habitants de Neve Dekalim et ceux qui s’y trouvent illégalement », avait-il déclaré faisant allusion aux extrémistes qui se sont infiltrés.
« Nous agirons avec un tact particulier et professionnel à l’égard des habitants. Les autres seront tout simplement expulsés et maintenus aux arrêts dans un centre à Beersheva dans le sud d’Israël », a-t-il précisé. En tout, quelque 40.000 soldats et policiers doivent participer aux opérations de retrait de la bande de Gaza.
Des milliers d’hommes des services de sécurité palestiniens ont de leur côté pris position dans la bande de Gaza, place forte du mouvement radical Hamas. Le délai imparti aux colons pour quitter de plein gré leurs habitations dans la bande de Gaza avait expiré mardi à minuit (21h00 GMT). Les quelque 8.000 colons de la bande de Gaza avaient bénéficié, depuis dimanche à minuit, d’une période de grâce de 48 heures, avant d’être évacués par la force. Selon les médias israéliens, près de la moitié des quelque 1.700 familles sont déjà parties.
L’armée avait annoncé mardi l’évacuation sans incident de la première des 21 colonies de ce territoire, celle de Dougit, après le départ volontaire de ses 60 habitants. Lundi déjà, deux colonies isolées sur quatre promises au démantèlement en Cisjordanie avaient été évacuées. Le ministre israélien de la Défense, Shaoul Mofaz, a évalué la durée du retrait de la bande de Gaza à "plus ou moins deux semaines".