"Je me déclare responsable de tout document portant ma signature, une reponsabilité totale et non partielle", a-t-il dit à propos de la destruction des vergers de Doujail, un village réprimé en 1982 à la suite d’un attentat manqué le visant. La répression a fait 148 morts, selon l’accusation.
"Lorqu’il s’agit de ma responsabilité légale et constitutiuonnelle, je relève la tête et proclame ma responsabilité, même si on doit me couper la tête", a-t-il dit.
Il a affirmé, par ailleurs, qu’il ne récuserait pas les témoignages de ses anciens "compagnons" au pouvoir, notamment le vice-président Taha Yassine Ramadane et son demi-frère Barzan al-Takriti, ancien chef des renseignements.
A l’ouverture de l’audience, Saddam Hussein a accusé le ministère de l’Intérieur irakien d’être "la partie qui tue et torture des milliers de personnes dans la rue" et affirmé ne pas le craindre, dans une diatribe politique, qui a agacé le président du tribunal, le juge kurde, Raouf Rachid Abdel Rahmane..
Lors d’une audience de procédure, l’ancien président avait refusé de donner sa signature pour authentification. "Pourquoi dois-je donner ma signature à des experts liés au ministère de l’Intérieur qui sont mes ennemis", a déclaré Saddam Hussein.
L’authentification de sa signature lui était demandé pour s’assurer de la véracité des documents supposés l’impliquer dans le massacres d’habitants de Doujaïl, au nord de Bagdad.
Vêtu d’un costume sombre sur chemise blanche, sans cravate, le président déchu, à l’aise dans le box des accusés, s’est lancé dans un long discours sur la justice, en affirmant qu’"elle ne peut être rendue si les services du gouvernement sont corrompus et si l’exécutif s’y ingère".
Il a récusé à nouveau la légitimité du tribunal et passé outre un rappel à l’odre du juge lui demandant d’arrêter ses discours politiques.
"La justice ne peut être indépendante si le président (de la République) arrive au pouvoir à bord d’un char", allusion aux dirigeants irakiens actuels arrivés à Bagdad dans le sillage de l’invasion américaine.
Le président déchu est entré seul dans la salle du tribunal au début de la 18ème audience de son procès ouvert le 19 octobre 2005.
Le procès "progresse" et a atteint "un stade avancé", a dit mardi le chef des juges d’instruction, Raëd al-Jouhi.
Mardi, le Haut tribunal pénal a annoncé que Saddam Hussein, son cousin Ali Hassan al-Majid, dit "Ali le chimique", et cinq autres anciens responsables devraient répondre de l’une des vagues de répression contre les Kurdes les plus sanglantes de son régime, l’opération Anfal.
Selon diverses estimations, plus de 100.000 personnes ont été tuées et plus de 3.000 villages détruits pendant cette campagne qui a provoqué également un déplacement massif de la population kurde.
"L’instruction a été bouclée dans l’affaire Anfal et les sept personnes accusées de génocide et de crimes contre l’humanité ont été déférées au tribunal", a déclaré M. Jouhi.
L’une des chambres du Haut tribunal pénal qui instruira l’affaire Anfal est déjà constituée. Elle se composera de cinq juges, a-t-il encore dit. La date du nouveau procès de Saddam Hussein sera "fixée dès que la cour et les juges d’instruction auront examiné tous les détails du dossier".
"Il s’agit de l’un des grands crimes commis" par l’ancien régime irakien, a affirmé M. Jouhi. Il a expliqué que des milliers de témoins et de plaignants ainsi que des milliers de documents et d’autres preuves, dont la découverte de fosses communes, ont servi de base à l’instruction du dossier.